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En moins d'une demi-siècle, l'abbaye de Moissac connaît une évolution contradictoire. Comptant un nombre important de moines jeunes et souvent instruits, elle est réorganisée ; mais cette plénitude est ressentie comme un trop-plein du fait des difficultés financières. Son économie pourtant s'était adaptée aux nouvelles conditions par des placements urbains et viticoles. Ce qui aurait dû faire la richesse des moines a suscité les convoitises : celle, connue, du pape d'Avignon, celle surtout du roi de France dont le droit d'amortissement a ponctionné l'essentiel des profits nouveaux.
Quant à la fidélité réelle à l'esprit des coutumes clunisiennes comme à leur lettre (elles sont alors pour la première fois mises par écrit et sont publiées ici), maintenue en dehors de tout contrôle de la hiérarchie de l'ordre, elle subit l'intervention tatillonne de la papauté qui fragilise et isole le couvent au lieu de le conforter. Au total, ce temps de plénitude humaine, de richesse matérielle et de discipline religieuse finit par apparaître comme un temps de crise.