Citations d'Oscar Wilde, moustaches et redingotes à collet de velours, décors à la Mucha, floraisons " Nouille " à la Guimard... Dès les sixties, tout un volet du rock - le plus crucial, du Velvet Underground aux Beatles de Sgt. Pepper's - semblait flirter avec la Belle Epoque. Dans ce que celle-ci avait de plus sulfureux, de plus glamour... de plus décadent. J'ai failli écrire " de plus punk ", en pensant à Jean Lorrain. À peine plus tard, Bowie citait Huysmans... Une bonne raison, s'il en fallait vraiment une, pour qu'une collection dite " rock " consacre un volume à la littérature française de la fin du siècle dernier. Celle dont on ne vous parle guère à l'école. Pour ne pas dire jamais. Celle qu'on a reléguée dans l'Enfer des bibliothèques. Tant elle sentait le soufre. Oui, cette époque sentait bel et bien le soufre ! Au milieu de plein d'autres fragrances tout aussi perverses. Celles, entre autres, des fleurs pourrissantes, de l'opium et de l'amyle nitrite. Une Belle Epoque où les dames à la mode se shootaient à la morphine direct dans la jambe, à travers les trous de leurs bas résille... Une Belle Epoque qui pratiquait à outrance le " Beau Bizarre " et la haine du naturel. Une Belle Epoque qu'on présente souvent gauloise... alors qu'elle était en fait baudelairienne. On avait donc demandé à Marc Dufaud d'écrire un livre sur la Belle Epoque et les écrivains décadents français. Histoire de remettre les pendules (molles à la Dali, bien sûr) à l'heure. Il nous a offert, en passionné, mieux que cela : une somme. Partant de Rimbaud et Baudelaire pour aller jusqu'à Proust, c'est le siècle entier qu'il traverse. Société, mœurs, art, histoire. Tout y passe. De ce XIXe qui annonçait si bien et inventait, même, notre présent. Et son livre n'a aucun équivalent.