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Dès la fin de l'Antiquité, les Pères de l'Eglise et les écrits
monastiques condamnent l'enrichissement et louent le
renoncement aux biens matériels. Ils utilisent pourtant le
langage du profit et du commerce pour parler du salut et
décrire les gains ineffables attendant le chrétien qui investit
clans le marché céleste. Le monde monastique fonde sur
l'ascèse et l'absence de possessions personnelles une discipline
de l'administration des biens consacrés.
Comment concilier
alors le rejet des richesses et la proposition d'un modèle de
salut calqué sur le comportement du bon marchand ?
Comment comprendre l'exhortation monastique à devenir des
banquiers avisés, des administrateurs fidèles des biens divins ?
Grâce à une réinterprétation de la parole des évêques et des
moines, qui associe intimement le spirituel et l'économique, ce
livre propose de dépasser les oppositions trop simples entre
théorie et pratique, entre spirituel et temporel ou entre morale
et vice, pour mettre au jour les fondements lexicaux de tout
discours médiéval sur les échanges et l'administration des
biens.
Il ne s'agit pas de retrouver les racines de notre
économie moderne, mais de mettre en lumière l'existence
d'une façon propre à la société médiévale de penser l'économie
à travers le lien qu'elle établissait entre l'ici-bas et l'au-delà.
On comprendra ainsi comment l'élément économique prend
place au centre même de la réflexion chrétienne sur le salut,
façonnant les modes de gouvernement de la société, fondant la
rationalité administrative des moines et Légitimant le pouvoir
de l'Eglise épiscopale et monastique sur les biens et sur les
hommes.