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"Beaucoup moins évasif le toubib cette fois, mais ne dit-il pas cela pour t’encourager ? Quand même, trois ans, ça paraît une éternité quand on a dix-sept ans : ça te mène à vingt ans et on t’aura donc dérobé trois des plus belles années de ta jeunesse. Dur à avaler. Tu lui as promis et tu t’es promis à toi-même de te battre, de ne pas te laisser aller au découragement, de te persuader qu’il te reste toute une existence après dix-sept ans, mais tu sais au fond de toi-même qu’il faudra des signes, des manifestations évidentes d’une amélioration de ton état pour que tu remontes la pente, que tu ne te laisses pas gagner par la déprime et que tu puisses sentir, croire que la vie peut encore être belle, digne d’être vécue.
C’est dur, ça le sera. Prépare-toi, mon p’tit gars !". Si "Les Années dérobées" relate une fin d’adolescence particulière, en ce sens qu’il y est question du quotidien parisien d’un jeune Breton suivi en raison de sa tuberculose, il n’en demeure pas moins que cette parenthèse loin des siens se prête, par-delà les soins apportés au corps, à la formation d’un esprit et d’une âme. Pour preuves, cette ouverture sur l’amitié, le monde puis l’amour, et ces glissements du "tu" au "il", puis du "il" au "je", qui témoignent du lent modelage et de l’affirmation d’une personnalité masculine dont on apprécie encore les tonalités nonchalantes et les pointes désabusées.