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Apparus à la fin des années 1830, les almanachs républicains sont de petits livres politiques spécialement destinés aux Parisiens peu fortunés et peu instruits. Ils connaissent rapidement un grand succès et ils constituent de précieux moyens pour éduquer, mobiliser et influencer l'imaginaire des masses populaires autour d'une pratique politique cohérente. Ainsi le passé devient-il une arme au service d'une idéologie.
En procédant à l'analyse de ces almanachs, l'auteur découvre l'exceptionnel pouvoir que jouèrent, entre 1840 et 1851, les souvenirs de la Révolution française sur la formation de l'idéologie républicaine. Il montre comment, dans un premier temps, différents courants et programmes politiques qui s'affirment et s'affrontent, procèdent par sélection, par valorisation ou par rejet de certains éléments de la tradition révolutionnaire.
Le succès de tel ou tel almanach donne alors la mesure de l'adhésion des gens du peuple à tel ou tel programme. Divisés en plusieurs factions sous la Monarchie de Juillet et en 1848, les républicains s'unissent entre 1849 et 1851 en vue des élections législatives ou présidentielles de 1852, élections qui n auront pas lieu en raison du coup d'Etat de Louis-Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1851. Les références à la tradition révolutionnaire cessent alors d'être polémiques.
Tous les républicains considèrent désormais la Révolution comme un bloc. Les souvenirs de celle-ci acquièrent une fonction unificatrice. C'est au cours de ces années cruciales que les tirages des almanachs sont les plus élevés ; ceux-ci deviennent si populaires qu'ils seront interdits dès que Bonaparte aura pris le pouvoir.