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Le lendemain, dimanche, c'était la vogue. Quand Roger arriva, tout le monde était au courant de son engagement. Les filles, qui jusque-là s'étaient intéressées bien peu à lui, le regardèrent autrement. Elles lui demandèrent s'il avait déjà son uniforme, s'il avait déjà son fusil, s'il avait reçu les balles, s'il avait reçu ses épaulettes, s'il savait quel serait son grade et quand l'entraînement au combat allait commencer.
Il leur répondit calmement qu'il ne fallait rien précipiter. La défense du pays était une chose sérieuse. Elles dansèrent avec lui, à tour de rôle, sans se faire prier, ce qui le surprit beaucoup et lui fit grand plaisir. Lorsqu'il dansa avec Sophie, la plus jolie, et qu'il vit son regard de si près, il se sentit une âme de général, de général en chef. Et, pendant un moment, il commanda toute l'armée du pays...
En suivant l'ascension sociale de Roger, simple ouvrier agricole, propulsé au plus haut sommet de l'Etat par le hasard qui l'avait pris en sympathie, l'auteur nous prend par la main et nous entraîne dans les méandres de la société moderne. Il nous montre, à chaque tournant, l'aspect dérisoire des ambitions personnelles et nous persuade, en fin de compte, que seul l'amour est valorisant.