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C'est un exceptionnel ensemble d'inédits de Marcel Proust qui apparaît aujourd'hui, car il s'agit d'oeuvres littéraires, d'oeuvres de fiction : une série de nouvelles diversement achevées, écrites dans l'environnement des Plaisirs et les Jours, durant les années 1890. Certaines ont figuré un temps au sommaire du volume, puis l'auteur les a écartées. Proust a une vingtaine d'années, et la plupart de ces textes évoquent la prise de conscience de son homosexualité, sur un mode sombrement tragique, celui de la malédiction.
Sous des formes diverses : conte de fées, récit fantastique, dialogue des morts, nouvelle à énigme, le jeune écrivain transpose, parfois à peine, le journal intime qu'il n'a pas écrit. Point de voyeurisme dans ces récits, seulement mis en scène un drame psychologique intense. Ces nouvelles ont été identifiées et répertoriées, dans les années 1950, par Bernard de Fallois, dont l'essai Proust avant Proust, paru aux Belles-Lettres, interprète les données.
Nous trouvons dans le même fonds les documents placés en fin de volume, contenant des révélations aux sources d'A la recherche du temps perdu. L'ensemble est transcrit avec toutes les variantes et annoté par Luc Fraisse, professeur à l'université de Strasbourg, qui réédite actuellement la Recherche aux Classiques Garnier.
Qui veut du rab ?
D'abord réfractaire à l'idée de voir éditées des nouvelles que Proust lui-même n'avait pas jugé bon d'être publiées dans son recueil Les Plaisirs et les Jours, et même déçu par les premières pages ; je dois avouer que j'ai apprécié de plus en plus ces quelques lignes supplémentaires d'un des auteurs les plus brillant ayant existé.
Les nouvelles ont beau être inachevées pour certaines, très courtes, on retrouve malgré tout la beauté et la justesse des mots de La Recherche.
Proust nous parle d'amour (principalement homosexuel ici mais à valeur universelle), de musique, s'essaie au conte (mélancolique et très touchant) et démontre encore une fois toute sa sensibilité.
Une joli cadeau pour qui veut un peu de rab d'un auteur qui n'est finalement que l'homme d'un seul chef d’œuvre... mais quel chef d’œuvre !