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Le monde mesuré rend compte des pratiques d'exploration de l'inconnu à l'âge des Lumières, en particulier des programmes européens de circumnavigation des années 1770-80, et, partant, analyse le discours qui s'y appliqua. Pour le déchiffrer, Philippe Despoix examine les a priori scientifiques de la technique d'orientation géographique de ces entreprises qui parachèvent alors la carte du monde ; la répercussion que donnent à ces dernières les relations imprimées et richement illustrées circulant en Europe ; les déplacements sémantiques, avec l'usage naissant de termes tels qu'"indigène", "civilisation" ou "Européen", que ces pratiques induisent ; finalement il étudie les représentations esthétiques et littéraires dont elles sont l'objet.
Tout un ensemble de figures nouvelles s'en dégage en effet : l'artisan horloger et ses chronomètres marins faisant concurrence au pouvoir de l'astronome royal ; le voyageur auteur de sa relation qui, tel Bougainville, Cook ou Forster, détrône l'ancien compilateur ; l'indigène des mers du Sud, introduit comme sujet anthropologique ; mais également le publie européen auquel ce discours de la découverte s'adresse désormais plus qu'aux monarques ou aux savants.
l'approche comparée enseigne que les différentes représentations - scientifiques, médiatiques, fictionnelles - liées à ces pratiques exploratoires se répondent et allient les termes du savoir et du pouvoir pour défaire ceux de la souveraineté traditionnelle.