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En 1930, quelques années après avoir publié ses Souvenirs de
la Cour d'assises, André Gide suggérait que la punition devrait
tenir compte de la personnalité des criminels. Comment punir
quelqu'un que l'on ne connaît pas?, se demandait-t-il, ajoutant
"qu'il est, sur la carte de l'âme humaine, bien des régions
inexplorées". Régulièrement, avec plus ou moins d'intensité, le
droit de punir a été et reste l'objet de réflexions, de
controverses, de propositions de loi, de demandes de réformes.
Les débats sont tantôt vifs et profonds et semblent concerner
le plus grand nombre, tantôt ils s'appauvrissent et restent
réservés aux "spécialistes" qui dans des manuels ou des
ouvrages d'histoire du droit pénal présentent ce dernier comme
le droit de réprimer ou de sanctionner les auteurs d'infractions.
Mais quel sens faut-il donner à la peine si elle n'est pas
accompagnée d'autres mesures? Est-elle une sorte d'horizon
d'attente, une fiction des sociétés contemporaines qu'il faut
bien entretenir? Ne faut-il pas "remettre à plat" la justice
pénale et se demander si après avoir puni il est possible de
guérir ou de rendre un citoyen à la société ? La "pénalité" doit
conserver son utilité écrivent les uns et les autres.
Mais faut-il
punir le crime ou plutôt les criminels ? Faut-il punir de la
même manière les enfants, les fous et les récidivistes ? Que
doit-on faire à l'époque de l'Empire français dans les colonies
? Ne conviendrait-il pas de se demander à nouveau pourquoi
punir ? et de réfléchir à l'efficacité de la justice répressive? La
justice d'expiation et la "rédemption du coupable" ne suffisent
pas, la peine est devenue aussi un enjeu symbolique et un
moyen de communication, voire une "arme pénale".
Deux
siècles après le Code pénal de 1810, une réflexion sur
l'histoire du droit de punir et son actualité s'imposait, niais il
fallait multiplier les approches disciplinaires, car le droit de
punir ne relève pas seulement de considérations abstraites ou
de joutes philosophiques. La pragmatique de la punition
mérite aussi d'être examinée. Trois entrées ont donc été
retenues (le droit de punir en question, connaître et pardonner,
sanctionner les déviants) à partir du siècle des Lumières
jusqu'à nos jours.
Nul doute que l'histoire de la "punissabilité"
permet de penser et de comprendre les sociétés du passé
comme celle d'aujourd'hui.