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Les technologies de reproduction font aujourd'hui partie de
l'actualité quotidienne: baby business, banques de sperme et
d'ovules, enfants conçus ira vitro, "bébés-médicaments",
femmes pouvant léguer leurs ovules à leurs filles, ou qui
portent l'enfant d'une inconnue ou qui accouchent à l'âge de la
retraite, etc. Dans la foulée de ces avancées aux allures
miraculeuses, des scientifiques oeuvrent à la mise sur pied
d'un utérus artificiel, machine qui permettrait la gestation
entière d'un embryon / foetus à l'extérieur du corps de la
femme, de la conception à la naissance.
Cette maternité
machinique, pour le moins révolutionnaire, permettrait de
"libérer" les femmes des diverses contraintes liées à
l'enfantement, de mettre fin du coup à la malédiction biblique
"tu enfanteras dans la douleur" et d'assurer enfin une égalité
des hommes et des femmes face à la procréation, sans compter
la "garantie de qualité" des enfants nés de cette technique.
L'utérus artificiel viendrait en somme couronner un
mouvement qui a consisté à prendre peu à peu en charge
technoscientifiquement le processus de la reproduction
humaine jusqu'à l'effacement complet du corps de la femme.
Mais, demande l'auteur, "pourquoi et depuis quand tenons-
nous si ardemment à évacuer le corps maternel du scénario de
l'engendrement ? Qu'est-ce qui fonde et matérialise ce désir de
procréation sans corps ? Par quelle spirale sociohistorique la
grossesse est-elle devenue "facultative", tant du point de vue
de l'interventionnisme technoscientifique que de la désirabilité
sociale? Surtout, quels sont les enjeux d'une société
technicienne dans laquelle le corps maternel ne serait plus une
figure cardinale de la procréation?" Répondre à ces questions,
c'est faire apparaître la profonde reconfiguration sociale et
technoscientifique des paramètres de la procréation et de la
famille.