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Dans la société moderne liquide, tous les individus vivent dans la crainte permanente de rater le prochain changement, d'être pris en flagrant délit de sieste, de rester à la traîne, de devenir eux-mêmes obsolètes. La vie liquide est le triomphe du consumérisme. Tout, y compris l'homme, devient objet de consommation, avec une date de péremption au-delà de laquelle l'objet aussi bien que l'individu deviennent jetables.
Comme l'amour qui s'inscrivant dans la durée est rejeté au profit de l'instantanéité du désir désormais revendiqué. Comme le savoir, dès lors que l'intelligence est définie comme celle d'un missile qui apprend en cours de route et doit oublier ce qu'il savait à chaque nouveau renseignement. Autant d'applications concrètes décrites avec humour qui font comprendre, comme en se jouant, le concept de liquidité.
Mais l'auteur ne se contente pas de décrire la société en voie de liquéfaction avancée, il cherche des pistes pour imaginer un avenir plus vivable. Difficile, on s'en doute, dans un monde embarqué dans l'express de la mondialisation.
la vie liquide.
Zygmunt Bauman fut un grand sociologue britannico-polonais de notre temps, réchappé du nazisme en 39 et des purges antisémites polonaises en 68, britannique d'adoption depuis 1972 ; il nous a quittés le 9 janvier 2017. Il nous lègue des titres dont certains sont presque passés dans le langage commun en tant que concepts explicatifs à part entière tant leur pertinence d'évocation est puissante : "la vie liquide" en est un exemple majeur. Il avait vu s'installer les prémisses d'une crise civilisationnelle majeure à l'intérieur de laquelle nous nous débattons désormais ; son oeuvre est à redécouvrir en priorité, ne serait-ce que pour comprendre ce que nous n'avons pas voulu voir en face alors. Afin de le désamorcer résolument : une contribution précieuse à la lutte contre l'état "gazeux"...(sur laquelle s'appuie par exemple un Rabinovitch dans son récent et percutant "Somnambules et Terminators", editions le bord de l'Eau.)