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Entre 1695 et 1747, Lesage publie douze ouvrages romanesques et trois recueils de pièces de théâtre qui le consacrent indéniablement comme un des premiers écrivains à vouloir vivre de sa plume, en toute légitimité. En se confrontant pour la première fois à l'ensemble de l'ouvre romanesque et théâtrale de Lesage, cet ouvrage propose d'établir les principes d'une écriture qui se fonde visiblement sur la reprise et invite le lecteur, comme le spectateur, à un jeu subtil de reconnaissance.
En effet, Lesage travaille à partir d'une littérature constituée, que ce soit dans le cadre de la traduction, de l'adaptation ou de la composition savante d'œuvres centons, mais selon un projet cohérent qui consiste à mettre en question l'évolution de la littérature dans les premières années du dix-huitième siècle. Le roman accueille aussi bien les problématiques contemporaines de l'écriture à la première personne, que la peinture satirique des mœurs ou encore les histoires héroïco-galantes d'un autre temps.
La comédie s'enrichit d'une alliance inédite entre l'intrigue à l'espagnole et la peinture des caractères héritée de Molière. Il s'agit bien pour Lesage d'adopter une perspective critique au sens strict de ce mot au dix-huitième siècle. Une ouvre " critique " réécrit un ou plusieurs textes pour en proposer un examen. La critique est sensible par une pratique ostensible du " mélange ", terme choisi par Lesage lui-même pour qualifier certaines de ses ouvres.
De la disparate créée par la coexistence de genres ou de registres a priori peu compatibles, doit naître la mise en question des prérogatives de l'écrivain et de la littérature. On aura compris qu'une telle poétique engage un rapport singulier avec le lecteur ou le spectateur, invité à participer à l'élaboration du sens. Cette étude propose ainsi d'entrer au cour de l'atelier de l'écrivain, en décrivant les différents aspects de cette poétique ostensiblement livresque et en posant la question de la finalité d'une telle entreprise : faut-il cri rester au jeu de la mise en scène des vanités ou oser donner un sens " philosophique " à la vision du monde comique et lucide qui nous est proposée ?