Biographie de Léon Chestov
Après Le Pouvoir des clés et Athènes et Jérusalem, notre nouvelle édition des oeuvres de Léon Chestov se poursuit avec La Philosophie de la tragédie, tome III des oeuvres complètes dont la première édition avait été publiée en 1903, après une prépublication l'année précédente dans la célèbre revue de Diaghilev, Le Monde de l'art. Chestov s'attache à retracer, chez Dostoïevski et Nietzsche, l'histoire de la transformation des convictions.
II cherche à comprendre ce qui fait qu'un homme peut se défaire des idéaux professés durant sa jeunesse pour se mettre soudain à défendre, presque en dépit de lui-même, les droits de "l'homme souterrain". Chestov conclut son livre en affirmant que la philosophie, en tant que vraie réflexion sur la condition humaine et le sens de la vie, est toujours une philosophie de la tragédie. Pour retrouver le droit "de penser à leur propre façon" ainsi que la libre volonté qui abolit la loi de l'irréversibilité en rachetant le passé, les hommes tragiques, à l'instar de Dostoïevski et Nietzsche, n'hésitent pas à entrer en guerre contre la pitié, le sacrifice de soi, la connaissance, le bien, pour s'écrier : "Rien n'est vrai, tout est permis !" Tout y compris la voix souterraine, le désespoir, la tragédie qui ouvre les portes à l'innommable, mais aussi à l'inespéré.