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Du 10 juin 1940, quand le gouvernement s'enfuit de Paris, au 17, où Pétain annonce la demande d'armistice, huit jours qui ont défait la France. " Le niveau d'essence dans le réservoir baissait dangereusement. Mme Perret se plaignait en permanence, se disputait avec Bernard qui voulait lui prendre la carte. A l'horizon en face de la colonne montaient de grandes lueurs orangées : un bombardement ? des dépôts de carburant en flammes ? Exténuée, sentant le mal au coeur revenir, gênée dans ses vêtements moites de transpiration, sa combinaison trop serrée, Jacqueline a fini par s'endormir, la tête sur l'épaule de la domestique et le chien sur ses genoux, bercée par les grincements d'essieux, les hennissements et le claquement des sabots, et un choeur de filles qui, quelque part derrière, chantaient du Tino Rossi...
". Jetés sur les routes de l'exode, une famille de grands bourgeois, un soldat, un avocat fasciste, une femme seule et beaucoup d'autres, dans une vaste chasse à courre à l'échelle d'un pays où nul ne sait encore qui sonnera l'hallali. Avec La Débâcle, tout à la fois fresque au vitriol, road-trip hyperréaliste, chronique d'une débandade et récit initiatique, Romain Slocombe ajoute une pièce maîtresse à son grand roman noir national.
juin 40 ou le mauvais choix
Romain Slocombe ne nous épargne pas dans ce roman. Il nous met aux premières loges de ces civils et soldats français qui fuient l’arrivée meurtrière des Allemands. Tous témoins et victimes de la horde nazie sans foi ni loi.
Son écriture est à la fois rapide comme les bombes et lente comme ces sept jours d’enfer de juin 40 qui n’en finissent pas. Différents personnages se croisent, se connaissent et se cherchent, de Paris à Biarritz, dans cette exode inutile.
Ce qui fait froid dans le dos, c’est de comprendre que les dirigeants et militaires de l’époque ont été naïfs et utopistes pour une partie, et une autre, acquise à l’idée d’une Europe hitlérienne anti-bolchévique. Il n’y avait donc pas d’unité nationale en 39-40, malgré le souvenir de 14-18, il n’y avait plus de France et chacun a dû faire un choix. Ce roman se lit d’une traite, et nous laisse le souffle court. Une seule envie maintenant, lire la Fabrique des salauds de Chris Kraus.