Il est amusant de voir comme ma toute première lecture de Daphné du Maurier a été réellement influencée par Alfred Hitchcock. En effet, je connais surtout l’œuvre de cette auteur via les films du grand maître du suspense. Notamment Rebecca, bien sûr. Or, au début de ma lecture, et notamment au cours de ces premières pages descriptives qui posent l'ambiance de ce bord de mer, je visualisais réellement le paysage, en noir et blanc, balayé doucement par un mouvement de caméra.
Mais, une fois passé le premier chapitre, on comprend que l’époque ne s’y prête pas. Nous sommes
au XVIIIe siècle, en Angleterre. Bien qu'il soit question d'une histoire d'amour, pas de mièvrerie ni de regard langoureux. Non. Par contre, l’auteur en profite pour poser de véritables questions sur la position de la femme dans la société de l’époque : mère en puissance, épouse obéissante, Dona s’oublie complètement et se cherche à corps perdu dans des actes qui ne lui ressemblent pas. C’est pourquoi, lasse de sa propre image, elle quitte Londres en toute hâte après un dernier coup d’éclat et va se réfugier à la campagne. Elle y croisera un pirate français qui la révélera petit à petit à elle-même.
Tout le reste du roman sera donc construit sur l’opposition : Lady St Columb de Londres vs Dona de Navron ; mœurs anglaises coincées vs appétit de vivre français ; aristocratie de fait vs piraterie de cœur… Mais que de longueurs ! Il faut attendre plus des 3/4 du roman pour que les choses s’épicent un peu, pour que montent petit à petit la tension et la crainte que ce pirate ne soit attrapé ou que Rockingham ne lise complètement sa faute et sa responsabilité.
Encore une fois, j’ai été confronté à un problème habituel : cette femme se pose trop de questions à mon goût. Elle tergiverse, s’auto-analyse et m’exaspère. Il faut attendre le suspense, et encore c'est un bien grand mot, de la chasse à l'homme pour que le livre prenne un peu d'intérêt et qu'elle se décide à être courageuse et à choisir. Par contre, j'avoue avoir pas mal pensé à Arsène Lupin dans les descriptions du pirate.
Bref, une lecture décevante.
http://nourrituresentoutgenre.blogspot.fr/2012/10/la-crique-du-francais-daphne-du-maurier.html
L'aventure vient de la mer
Combien de fois l'ai-je lu ? Je ne saurais le dire ... Découvert à l'âge de 14 ans, ce roman d'aventures m'a transportée au-delà du temps et de mes espérances. A la faveur de la nuit, j'ai longtemps rêvé les yeux grands ouverts, perdue dans les souvenirs de ce livre. Je voulais moi aussi devenir pirate et cingler sur la mer, le visage dévoré par le vent. Mener la grande vie du fou et du sage, faire fi des convenances et de mon statut de femme en devenir.
Lassée du faste et de la frivolité de Londres, Lady St Columb se réfugie avec ses deux enfants dans un manoir sur la côte de Cornouailles. L'aristocratie locale est malmenée par les pillages incessants d'un bateau pirate français. Loin d'être effrayée par la dangerosité de la situation, la jeune femme s'en réjouit et retrouve peu à peu le goût de vivre. L'amour se donne enfin au grand jour dans les bras du séduisant capitaine hors-la-loi ...
Romanesque à souhait, ce roman d'aventures "so british" est un enchantement. Daphné du Maurier analyse la position de la femme dans la société du XVIIIè et interroge la notion de liberté de l'individu. Que devient la liberté d'une femme face aux poids des convenances et à ses responsabilités ? Doit-elle défendre le rôle social qu'on lui attribue quand celui-ci lui coûte et l'abime plus que tout autre ? Au delà du caractère romantique et exotique de cette bluette, le souffle de l'aventure prend et s'attarde entre les pages. On ne rêve que d'une chose, se sentir pousser des ailes et s'en aller au loin sur la mer ...