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Les critiques de l'œuvre d'Hervé Guibert (1955-1991) ont beaucoup insisté sur le caractère d'autofiction de sa littérature. Ce terme à la mode a occulté l'autre versant de l'œuvre, l'importance de l'image, et tout particulièrement, de la photographie. En effet, Guibert, qui fut, entre autres, critique au journal Le Monde (1977-1985) et à L'Autre journal (1985-1986) est l'auteur d'une production tentaculaire et innovatrice : écrivain-théoricien, photographe, modèle, vidéaste, il a exploré toutes les limites entre la photographie et le texte.
Les images du photographe, armé du petit Rollei offert par son père, ne sont plus de simples autoportraits venus illustrer un travail romanesque.
Baignée de Thanatos et d'Eros, l'œuvre jumelle est avant tout un travail précoce : Vice ou Suzanne et Louise traitent de photographie sacrificielle, de visualisation de mort, d'obsessions de peau, de corps différents, de taxidermies sous fond de cinéma d'horreur. Guibert anticipait déjà l'oeuvre d'Andres Serrano, des franchissements de morgues et de tabous bourgeois. L'autre versant des photographies, Le seul visage, est un témoignage d'amour, où l'esthétique en noir et blanc d'un Kertész se mélange à des questions d'identité et de genre : balade intime à la Nan Goldin, teintée chez Hervé Guibert, d'une nouvelle définition de masculinité.
Ayant choisi une critique très personnelle, ses textes photographiques échappent aux catégories classiques, préférant la fautographie, l'amateurisme et la magie de la photographie aux fossilisations des galeries d'art