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Le thème de la culpabilité est omniprésent dans l'oeuvre de Jules Supervielle (1884-1960). Son histoire, marquée par son drame d'orphelin et sa double culture, est grevée de secrets et de remords inexpiables qui ont déformé la réalité objective pour se déployer dans l'écriture. Cette étude fait émerger les lignes de force stylistiques et symboliques de la mythologie personnelle du poète. Les aveux fautifs affectent tous les domaines de l'existence et s'inscrivent dans une dialectique de la disculpation.
Sont donc mises en présence l'action multiforme du sentiment de faute et les forces absolutoires libérées par l'être pour survivre à la hantise du mal. Sur quelles justifications existentielles et ontologiques cette dynamique repose-t-elle ? Comment innerve-t-elle la vie intérieure ? Quelles voies Supervielle a-t-il empruntées pour transcender et le bien et le mal ? De la quête de la perfection perdue à la construction d'une éthique de vie, du devoir de reconnaissance à la nécessité du châtiment, la conscience morale travaille incessamment à réhabiliter l'homme déchu, puisant dans sa misère vigueur et grandeur.
L'originalité de l'ouvrage repose sur des éléments inédits. Des rêves de démesure, des cauchemars accablants, une vision du monde vengeresse ont permis d'infirmer les analyses traditionnelles qui ont enfermé Supervielle dans une candeur et une innocence toutes légendaires.
