L'esprit de Genève Histoire de Societé des Nations - Vingt ans d'efforts pour la paix

Sur cette période au cours de laquelle le monde a préparé sa métamorphose, Paul David retrace, en témoin critique et avisé, informé par vingt années de recherches et de réflexion, l'histoire de la Société des Nations et de ses liens étroits avec Genève. En 1919, au lendemain de la Grande Guerre, le Président des Etats-Unis Thomas Woodrow Wilson vint à Genève pour proposer la création d'une société des nations ; forum où les peuples pourraient travailler en collaboration franche et loyale à la sauvegarde de la paix. D'emblée pourtant, son projet rencontra l'hostilité. Celle du congrès américain d'abord. Mais, celle des Etats nations à sa suite qui ne virent dans la politique d'une société des nations qu'une atteinte à leur souveraineté, jamais aucun gouvernement ne voulut céder sur quelque point qui puisse être favorable à un autre Etat. Cet esprit mesquin qui présida à la réalisation de cette union dévoya l'idée même de son promoteur et rendit inévitable l'échec de la SDN. Néanmoins, les efforts de paix entrepris au cours de cette tumultueuse époque par les diplomates furent réels et sincères et répondirent à un indubitable besoin : au sortir de la Grande Guerre, un découpage des cartes allait faire resurgir le problème des nationalités, des minorités et des arbitrages internationaux devaient être mis en place. L'opportunité de jouer un rôle s'offrait également pour les petits Etats comme la Suisse. Guiseppe Motta, conseiller fédéral et délégué suisse à la SDN, y prononça, à l'occasion de la première assemblée tenue à Genève le 15 novembre 1920, un discours révolutionnaire, proposant que toutes les nations soient mises sur un pied d'égalité, pour qu'elles puissent faire profiter l'organisation de leurs expériences passées et donner leur avis comme elles avaient pu le faire lors des traités de Versailles et de Paris à la fin des guerres napoléoniennes en 1815. Mais les vainqueurs de la guerre s'y opposèrent véhémentement. S'il est de bon ton de dire que la SDN, créée pour organiser la paix après la victoire a échoué parce qu'elle n'a pas su empêcher la Deuxième Guerre mondiale, ce jugement vaut d'être nuancé comme le montre magistralement Paul David. Les efforts de paix poursuivis durant vingt années de lutte ont mis en lumière que l'idée-mère lancée par Wilson en 1919, en dépit de l'avortement involontaire qu'elle a subi dans l'échec même de la SDN n'a pas suffi à en épuiser la fécondité.