Une pure merveille !
Un roman d'une grande beauté, drôle, fin, extrêmement lumineux sur des sujets difficiles : la perte de
l'être aimé, la dureté de la vie et la tristesse qu'on barricade parfois... Elise franco-japonaise,
orpheline de sa maman veut poser LA question à son père et elle en trouvera le courage au fil des pages,
grâce au retour de sa grand-mère du japon, de sa rencontre avec son extravagante amie Stella..
Ensemble il ne diront plus Sayonara mais Mata Ne !
" Quand je naquis de vieux évêques bons et gâteux passaient en procession dans la rue et bénissaient la
foule avec une componction souriante comme...
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" Quand je naquis de vieux évêques bons et gâteux passaient en procession dans la rue et bénissaient la
foule avec une componction souriante comme de vieilles femmes parées... Quand je naquis je restai un bon moment immobile à regarder ma mère... Quand je naquis je levai la tête les nuages couraient très bas au-dessus de mon front et on parlait plusieurs langues là-haut dans les nuages... Quand je naquis des portes s'ouvrirent des taures lâchées galopaient dans la campagne le long du Rhin et sous les ponts les eaux rosissaient et à dix heures et demie du matin les cloches sonnaient à toute volée... Quand je naquis il y eut des brumes et des brouillards et je marchai à tâtons dans le ventre de ma mère... Quand je naquis nous étions en plein hiver le paradis était au loin et je dus me frayer un passage entre les barbelés dans la boue le verglas les mirages... Quand je naquis des femmes étaient là un peu plus âgées que moi beaucoup plus âgées que moi pleines de mystères et de parfums... Quand je naquis les portes tombèrent d'elles-mêmes et elles s'effritèrent elles devinrent poreuses perméables... J'avais mis vingt ans dix ans deux mois une demi-heure vingt minutes une demi-minute quelques secondes pour ouvrir... Nous sommes enfin dans les eaux où nous respirons nous sommes gaves graves sur notre cheval nous galopons nous sommes immobiles non chastes dans l'espace du souffle " " Naissance indéfiniment répétée... provoquée par l'amour ébloui d'une femme (par une femme) qui est ici générateur plus encore que motif du texte. Un amour qui convoque la mémoire et le monde dans un même souffle. " Françoise Collin Les Cahiers du Grif