En cours de chargement...
Inaugurant une poétique nouvelle, l'Histoire comique de Francion, élaborée par le jeune romancier virtuose Sorel, et Le Roman comique de Scarron ouvrent une voie royale à la création romanesque en crise à l'orée du XVIIe siècle. Transgressant la tradition chevaleresque qu'ils parodient et tournent sans cesse en dérision, ces deux romanciers confèrent à la veine comique une consistance et une profondeur heuristique indéniables.
Envisagées essentiellement sous l'angle de l'énonciation polyphonique, les deux histoires comiques respectives s'éclairent réciproquement et scintillent de mille feux. Traversées par un champ d'échos et de résonances multiples, elles présentent des symphonies pittoresques où tout un chacun joue sa partition, y compris les auteurs qui ne détiennent plus le fin mot. Toutefois, les deux romanciers en question dévoilent la création romanesque en tant que manoeuvre illusionniste et purement fictionnelle.
En se dénonçant en tant que faux monnayeurs, ils situent leurs romans sur les frontières du possible et rendent impossible toute lecture identificatoire et naïve. Cultivant éminemment le paradoxe, Scarron et son devancier Sorel laissent planer un suspense et un inachèvement du sens, source de questionnement que nous avons essayé, du moins partiellement, de démystifier.