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Quinze années durant, Bernard Ravet s'est tu. Parce que son statut de principal de collège le lui imposait le devoir de réserve du fonctionnaire. Parce que, dans les collèges de ZEP classés "Violence" qu'il dirigeait, les journées étaient rythmées par une alternance du grave et de l'urgent qui ne laissaient pas une seconde à l'introspection. Mais aussi pour ne pas craquer. Aujourd'hui à la retraite, il s'est décidé à parler.
A raconter sa vie, qui est celle de tout le personnel envoyé dans ces établissements ghetto. La violence. La montée du religieux. Les familles au mieux absentes, au pire fracassées. L'hypocrisie et le clientélisme des politiques. L'immense solitude des personnels de direction et des enseignants qui ressentent un profond sentiment d'abandon par leur hiérarchie. Une vie qui tient de celle du commissaire de police, du directeur d'ONG pédagogique et, de plus en plus, face à la montée du religieux, d'imam de la république.
Avec, pourtant, chevillée au corps, la conviction qu'il est encore possible d'agir pour que des élèves otages de leur environnement échappent à cette fatalité.
Total Kheops!
D'après l'introduction rédigée par M.Ravet, "la conviction s'est imposée à moi : mon travail de principal de collège relève de la police intérieure". D'après le titre "un brin" provocateur, il serait aussi un religieux chargé de propager la foi en la République dans les esprits de ses élèves. Devant cette équation périlleuse, on l'imagine bien perdu, entre "logiciels inadaptés" des autorités de l'Education Nationale, parents d'élève ne partageant pas ses valeurs républicaines, et la motivation parfois admirable de certains professeurs à enseigner, par exemple au hasard, vaille que vaille, la théorie de l'évolution de Darvvin... Entre rejet du savoir et rejet de l'autorité, Marseilles tremble en miroir grossissant de la France des "quartiers", ces "ZEP" trop fameuses ; voilà qui donne envie de relire ce bon vieux Jean-claude Izzo. Edifiant...