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"Je suis née dans une bulle de plastique orange. C'était l'année du premier choc pétrolier, en 1973. On vivait encore sous le règne des Trente glorieuses. Le soir, on mangeait de la purée Mousseline préparée avec du lait de grande surface en brique. La nature n'existait pas. L'école me parlait un peu de la campagne, mais pour dire qu'elle disparaissait avec l'exode rural. Elle semblait toujours appartenir au passé.
Je croyais que le monde entier était une ville en développement". Drôle, provocateur, informé, le livre de Jade Lindgaard est une enquête à la première personne sur le rapport intime, paradoxal, névrotique que nous entretenons à nos modes de vie et aux menaces qu'ils font désormais peser sur la planète. Entreprenant un voyage original dans nos imaginaires, celui de l'automobile, de l'avion et du supermarché, elle est partie explorer notre amour de la chaleur et notre goût pour la vitesse et les destinations lointaines.
Un voyage qui raconte aussi sa difficulté personnelle à vivre l'écologie, et au cours duquel l'auteur enquête sur le carbone émis par sa chaudière et son smartphone, évoque ses lombrics qui fabriquent du compost dans un coin de sa terrasse, sa mère qui n'a pas de voiture mais prend l'avion plus de quinze fois par an... On l'aura compris, cet essai "d'ego-climat" n'est pas un énième cri d'alarme sur le changement climatique et l'absurdité de notre modèle de croissance - ça, nous le savons déjà.
Ce que nous avons du mal à comprendre en revanche, c'est pour quelle raison il nous est si difficile de changer et de nous réinventer une vie libérée de nos désirs chargés en CO2. Là réside l'énigme politique, mais aussi psychologique et anthropologique, de notre temps à laquelle le livre singulier de Jade Lindgaard essaie de donner des éléments de réponse.
Le climat et moi et moi Cop21 n°7
S'il y a un livre à retenir sur ce qui parait autour de la cop21, c'est bien celui-ci. C'est d'abord sur un ton personnel que l'auteure et l'histoire commence, en 73. Une existence comme la notre et qui commence comme de nombreuses existences ,dans une sphère orange où le plastique est fantastique, le nid douillet, design et consumériste comme s'il devait durer mille ans, comme en orbite. Et puis le train-train fossile déraille et le récit fait place à un récit de dés-apprentissage et à une véritable expérience anthropologique et sociétale. Des questions, un problème de chaudière et petit à petit une réflexion qui va dans le fond des choses, aux origines...Depuis quand en fait ce chauffe-t-on ? Depuis accorde-t-on une valeur particulière à cette pratique ? Qu'est-ce qui se passe si ma consommation devient négative sur ma facture ? Etc, etc... Génial, original, drôle, très sérieux et indispensable.