Giotto. Les Fresques De La Chapelle Scrovegni De Padoue

Au terme d'une campagne de restauration étonnamment rapide, mais préparée dans les moindres détails durant vingt années de recherches scientifiques, d'enquêtes historiques, d'expérimentations menées en laboratoire, d'essais, de vérifications, de contrôles permanents, il a été possible de permettre au public d'admirer l'un des éléments fondamentaux et, certainement, le plus lumineux de la peinture européenne moderne. Précédé par les très longues et très complexes interventions dont l'édifice a fait l'objet, le travail de conservation de la décoration murale a permis de freiner la dégradation due essentiellement à l'action simultanée de l'humidité et de la pollution, et aggravée par l'emploi de produits de restauration inappropriés, adoptés lors d'une intervention effectuée au cours des années soixante. Le succès d'une telle entreprise a permis de restituer au mieux le texte pictural originel du cycle de Giotto. Il a ainsi été possible de percevoir plus clairement la révolutionnaire organisation spatiale de l'œuvre et les valeurs formelles à travers lesquelles Giotto s'était exprimé, surtout au niveau de la qualité chromatique de sa peinture qui demeure généralement (et inexplicablement) sous-estimée. Ce travail a également permis de faire de véritables découvertes, comme l'emploi de la technique de réalisation des faux-marbres (" marmorino " ou " stuc romain ") ou de l'huile pour " lier " le blanc d'argent, qui n'a donc subi aucun processus d'altération, ou encore plus étonnant, du moins à la lumière des connaissances dont on dispose jusqu'à présent : la perception de phénomènes d'origine solaire ou lumineuse qu'il serait difficile de retenir comme étant dus au hasard.