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On le savait peu, mais Moustaki (1934-2013) était le chanteur français le plus demandé à l'étranger. On le croyait à la retraite ou au soleil, alors qu'il n'arrêtait pas de chanter, du Japon au Canada, mais aussi de composer, d'enregistrer, de peindre et d'écrire. Moustaki, c'est "Milord", dont Piaf fit un succès, "Sarah", que Reggiani détaillait comme une saynète et, bien sûr, "Le Métèque" qui le rendit célèbre.
C'est aussi "Ma liberté", "Votre fille a vingt ans", "Ma solitude", "Il est trop tard". des dizaines de chansons qui sont autant de standards. Louis-Jean Calvet est remonté aux origines, à cette ville d'Alexandrie où Moustaki est né, pour suivre les fils des influences, des amitiés, des rencontres : le cours d'une vie. Mais ce livre est plus qu'une biographie : il scrute l'ouvre, les musiques, il fait parler les témoins (dont l'auteur), il est à l'écoute des hésitations, des choix de vie, des engagements.
Calvet réserve ici la place qu'elle mérite à Yui Hamauzu, sa dernière compagne japonaise, qu'il a longuement interviewée, afin de raconter les "années de résilience" 2008-2013.
Le déballage n'est pas une valeur moustakienne
Georges Moustaki a consacré sa vie à son œuvre jusqu’à ce que ses forces l’en empêchent. Il a alors mis un point final à sa carrière. Son public est inconsolable.
Les amis fidèles à Jo et ses réelles amours, ces femmes qu’il a aimées passionnément pendant des années dans l’ombre jusqu’à ce que les traitements anesthésient son cœur, les réservées, muettes incorruptibles, ont la décence de taire ses années d’asphyxie.
Leur frère, leur amour cultivait la discrétion. La convenance et la pudeur leur intiment de respecter éternellement son mode de vie.
Depuis le 23 mai, tous restent silencieusement unis dans leur douleur et refusent de trahir ses valeurs. Les opportunistes eux, se manifestent, mettent à nu et monnaient ses moments ultimes, romancent ses dernières fantaisies en exploitant le public qu’il chérissait.
Autour de Moustaki, il y a les moustakiens respectueux de sa vie privée, et d’autres, capables de proposer pour vingt-deux euros, une biographie remise à jour suivie d’une fable basée sur les indiscrétions d’une pseudo-compagne vingtenaire rémunérée comme garde-malade.