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Un siècle sépare le premier Concile de Vatican (1869) du second (1962-1965). Période de renouvellement paradigmatique pour l'Eglise catholique, ce siècle fut aussi celui d'une reformulation des relations judéo-chrétiennes. Il faut voir plus qu'une coïncidence dans la synchronie de ces deux phénomènes. L'entrée dans la modernité a modifié les conditions propres à l'existence juive et chrétienne, conduisant à terme à de profondes modifications dans la relation tissée entre Juifs et chrétiens.
Défi indépendamment lancé à l'Eglise catholique et aux Juifs, la modernité se trouve en effet au coeur des nouvelles dynamiques relationnelles que tissent chrétiens et Juifs après la révolution française et l'ouverture des ghettos européens. La modernité est un retour de l'homme vers lui-même, à l'origine d'un mouvement général de prise de conscience de soi. Attentif au fait que la rénovation du discours catholique sur le Juif s'est produite dans les cadres donnés par la modernité, nous soutenons l'argument suivant : ce sont les tumultes de la modernité qui ont engendré une nouvelle compréhension des relations entre catholiques et Juifs.
Seules les conditions modernes d'existence ont finalement été capables de briser la logique circulaire et auto-référente de la tradition antijuive de l'Eglise. En quête d'éléments endogènes et exogènes pouvant donner sens aux tensions et aux transformations du discours catholique sur le Juif, nous nous proposons de saisir la trajectoire suivie par le philosémitisme paulinien dans la modernité.