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À Montréal, lire des écrivains québécois de langue anglaise constitue un défi. Rares sont ceux qui connaissent les richesses de cette littérature ouvrant sur d'autres territoires. S'y déploient une autre culture, une autre solitude… Nigel Thomas dans "Des vies cassées" décline cet inventaire à travers treize nouvelles qui nous mettent au coeur des désillusions des migrants. En marge des questions identitaires, l'auteur interpelle les êtres dans leur quotidien, pointe le télescopage entre pays réels et rêvés, et les difficultés à faire face aux institutions du pays d'accueil.
« C'est sûrement le défi de s'adapter, de se sentir chez soi ici. La terre promise qu'ils avaient envisagée avant d'immigrer devient pour eux un labyrinthe… », dit l'auteur. « Chacune des nouvelles commence par une observation ou des bribes de conversations sur la réalité des Noirs à Montréal, et me basant sur d'autres faits, j'ai exploré ces réalités à travers mon imaginaire. » Tout un peuple d'immigrants invisibles croupissent à côté de leurs rêves.
Manière différente de vivre et de voir l'exil quand on est anglophone noir dans un Montréal francophone blanc. Dans ces nouvelles, qui explorent l'identité, la migration et l'errance, Nigel Thomas rend vivants ces êtres reclus, dans une langue hachée, parfois brutale et sans concession. Entre les pays d'origine - Jamaïque, Barbade, Saint-Vincent, Grenade, Guyane anglaise, Aruba - et le pays d'accueil, se jouent tous les fantasmes.
Récits, chroniques et portraits dévoilent ces visages marqués par la violence et l'exclusion. L'auteur révèle, à travers une mosaïque bariolée, une meute de solitudes : Côte-des-Neiges en noir et blanc. Traduit de l'anglais par Alexie Doucet