Bertrand Fitoussi est l’un de ces esprits brillants capable de saisir l’air du temps et de comprendre les tendances qui parcourent la société. Vivant depuis plus d’une décennie à Londres, il a dirigé des activités de marchés pour plusieurs banques internationales. Force est de reconnaître que ce type d’activité suscite beaucoup de fantasmes et d’idées toutes faites. Les traders ne passent pas pour être des humanistes. On les imagine prisonniers de leur cerveau gauche, tout droit sortis d’un roman de Bret Easton Ellis, monstres froids, calculateurs et sans état d’âme.
Mais parfois la réalité est à la hauteur de la fiction. Fitoussi en nous proposant avec “Crise et châtiment” un roman hyper réaliste sur le parcours de Mathieu Blanc un banquier londonien dont la réussite financière en comblerait plus d’un mais dans le milieu du trading on ne juge sa propre réussite qu’à l’aune de celle des meilleurs. “Je devrais me réjouir, je n’ai jamais touché autant, pourtant, je ne peux retenir des pensées négatives : c’est bien moins que le dernier bonus de Ruben, et même dix fois moins que ce que touche mon ami Marc Laroche chez JP Morgan depuis des années. C’est très injuste. Ils ne méritent pas de gagner autant.”
On comprend quel genre d’état d’esprit développe ce type de banquiers obsédés par la performance, nourrissant une insatisfaction chronique et recherchant de manière obsessionnelle la maximisation du profit. A ce titre le roman est passionnant car il nous permet de découvrir un milieu très fermé aux pratiques sibyllines ainsi que la psychologie qui anime les hommes qui interviennent sur les marchés boursiers.
Mathieu Blanc aurait pu suivre le parcours à la fois classique et dément de ces chasseurs de profits mais le destin va en décider autrement pour lui. Le mur des apparences va exploser, celui derrière lequel il vivait une existence bien différente que ne le laissait voir une vie familiale peut être un peu trop rangée.
“Crise et châtiment” est une oeuvre qui se lit comme un thriller tout en nous proposant une peinture sans concession d’un monde que l’écrivain connait parfaitement. Les situations, les mentalités et la psychologie des personnages font souvent froid dans le dos et c’est sans doute l’une des grandes forces de ce récit plein de bruit et de fureur où les hommes peuvent parfois redécouvrir les faiblesses dont ils sont aussi tissés. Un roman qu’on lit avec passion et qu’on referme avec regret sur une conclusion qu’on reçoit comme une gifle.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
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Bertrand Fitoussi est l’un de ces esprits brillants capable de saisir l’air du temps et de comprendre les tendances qui parcourent la société. Vivant depuis plus d’une décennie à Londres, il a dirigé des activités de marchés pour plusieurs banques internationales. Force est de reconnaître que ce type d’activité suscite beaucoup de fantasmes et d’idées toutes faites. Les traders ne passent pas pour être des humanistes. On les imagine prisonniers de leur cerveau gauche, tout droit sortis d’un roman de Bret Easton Ellis, monstres froids, calculateurs et sans état d’âme. Mais parfois la réalité est à la hauteur de la fiction. Fitoussi en nous proposant avec “Crise et châtiment” un roman hyper réaliste sur le parcours de Mathieu Blanc un banquier londonien dont la réussite financière en comblerait plus d’un mais dans le milieu du trading on ne juge sa propre réussite qu’à l’aune de celle des meilleurs. “Je devrais me réjouir, je n’ai jamais touché autant, pourtant, je ne peux retenir des pensées négatives : c’est bien moins que le dernier bonus de Ruben, et même dix fois moins que ce que touche mon ami Marc Laroche chez JP Morgan depuis des années. C’est très injuste. Ils ne méritent pas de gagner autant.”
On comprend quel genre d’état d’esprit développe ce type de banquiers obsédés par la performance, nourrissant une insatisfaction chronique et recherchant de manière obsessionnelle la maximisation du profit. A ce titre le roman est passionnant car il nous permet de découvrir un milieu très fermé aux pratiques sibyllines ainsi que la psychologie qui anime les hommes qui interviennent sur les marchés boursiers.
Mathieu Blanc aurait pu suivre le parcours à la fois classique et dément de ces chasseurs de profits mais le destin va en décider autrement pour lui. Le mur des apparences va exploser, celui derrière lequel il vivait une existence bien différente que ne le laissait voir une vie familiale peut être un peu trop rangée.
“Crise et châtiment” est une oeuvre qui se lit comme un thriller tout en nous proposant une peinture sans concession d’un monde que l’écrivain connait parfaitement. Les situations, les mentalités et la psychologie des personnages font souvent froid dans le dos et c’est sans doute l’une des grandes forces de ce récit plein de bruit et de fureur où les hommes peuvent parfois redécouvrir les faiblesses dont ils sont aussi tissés. Un roman qu’on lit avec passion et qu’on referme avec regret sur une conclusion qu’on reçoit comme une gifle.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)