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Un dossier manuscrit de conférences sur le syndicalisme français, préparées entre l'été 1919 et l'été 1920, était conservé dans l'appartement de Lucien Febvre. Grâce à son fils Henri Febvre, ce numéro offre une édition critique de ces textes où se reflète la sensibilité du jeune historien, à peine démobilisé, au mouvement social contemporain. Pour lui, les positions du syndicalisme révolutionnaire français expriment la conscience d'une classe qui entend obtenir elle-même son émancipation.
Elles reflètent l'irréductibilité de la condition ouvrière, les spécificités de formes d'organisation, d'une pratique d'action et d'une expérience de l'histoire. La revendication d'autonomie de la CGT par rapport au Parti socialiste est le signe de la concurrence plutôt que de la complémentarité entre deux conceptions de la révolution : quand l'une passe par la mainmise sur l'Etat central, l'autre suppose de créer ici et maintenant, dans la société capitaliste, l'embryon de la société future.
En contrepoint, de jeunes chercheurs réfléchissent sur la façon dont des institutions diverses, voire concurrentes, ont pu faire des efforts convergents pour plier aux nécessités du contrôle social des pratiques urbaines caractérisées par la mobilité : le commerce ambulant à Bruxelles au XIXe siècle étudié par Anneke Geyzen, la sociabilité observée par Julien Sorez autour de la pratique du football en région parisienne dans l'entre-deux-guerres.
La publication d'un important inédit de Lucien Febvre est aussi l'occasion de nourrir notre rubrique "Controverse". François Buron et Raphaëlle Branche dialoguent sur les problèmes de sources et de méthode que pose la démonstration de l'activation d'imaginaires collectifs anciens, dont l'historienne a voulu étudier les ressorts dans son livre L'embuscade de Palestro, Algérie 1956.