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Pour le discours officiel, le crédit est comme la langue
d'Ésope, la meilleure et la pire des choses. Nécessaire à la
"croissance", le crédit peut devenir une calamité quand il
devient accessible à des catégories de population qui
manquent de "l'information" nécessaire à son usage "maîtrisé"
ou qui sont plus que d'autres vulnérables aux "accidents de la
vie". Une socio-économie du crédit à la consommation et de
l'endettement des particuliers a d'abord pour fonction de
mettre en perspective critique chacun des présupposés sur
lesquels ces idées reçues reposent : celui d'un individu
emprunteur (plus ou moins) responsable et informé, celui d'un
lien purement contractualiste entre un prêteur et un
emprunteur, celui d'un Etat pédagogue et soucieux de la
protection du consommateur.
A cela, les historiens et
sociologues qui ont participé à ce numéro opposent une
pluralité de démarches : la perspective historique qui inscrit
l'actuel crédit à la consommation dans une histoire plus ou
moins longue ; la sociologie des marchés qui substitue à
l'image du lien contractuel, celles des rapports de force entre
offreurs et d'une homologie structurale entre l'espace des
prêteurs et celui des emprunteurs ; la sociologie politique, qui
montre comment l'Etat contribue à organiser le marché plutôt
qu'à protéger le consommateur, la théorie de l'acteur-réseau
qui fait valoir le rôle des instruments socio-techniques,
logiciels de scoring, mécanismes de titrisation de la dette...
qui
ont permis à cette activité de s'étendre... Au final, sont mises à
jour quelques-unes des médiations qui contribuent à faire du
crédit à la consommation et du recours à l'endettement un des
principaux mécanismes, dans les sociétés contemporaines, de
l'inclusion et de l'exclusion sociales.