Code civil des Français, 1804

Qu'est-il donc devenu ce Code civil dont nous allons, à nouveau, célébrer l'anniversaire ? Un très livre vieux qui a longtemps régné sur l'enseignement du droit dans nos facultés, qui a trôné dans les bibliothèques des tribunaux, dans celles des avocats, comme s'il était l'instrument premier signifiant à lui seul la présence du droit ? Est-il demeuré en France si même il n'est plus du tout le Code de 1804, si même il a été gonflé, déformé sans cesse par l'accumulation des lois nouvelles [...], un symbole indissolublement lié à notre histoire, un grand rassembleur de textes qui garde le prestige de détenir " le lexique des mots souches et le stock de principes qui sont les sédiments de la mémoire juridique " ? A-t-il été, comme le Code de Hammourabi, ou le Code de Justinien, " voué à l'éternité ", ou ne fut-il qu'un remarquable modèle légué à une vaste postérité ? Est-il demeuré à travers deux empires, deux monarchies et quatre républiques " la véritable constitution civile de la France ", ou n'est-il plus qu'un superbe monument ? Jean-Denis Bredin