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C'est quoi, une civilisation ? Comment ça naît, comment ça meurt ? L'effacement de la nôtre nous aide à répondre à ces questions vieilles comme le monde. De la CIA au rap, de House of Cards à Baron noir, des primaries à nos primaires, c'est cette imprégnation de notre culture nationale par la civilisation américaine que Régis Debray dévoile avec une gaieté frondeuse, en reliant les menus faits de notre quotidien à l'histoire longue de l'humanité.
Illustrée par l'exemple de la Grèce antique face à l'Empire romain, l'invariable grammaire des transferts d'hégémonie éclaire notre présent d'une façon insolite et pénétrante. Une prise de recul qui, tout en abordant de plein fouet l'actualité, surprendra également pro- et antiaméricains.
mais que signifie "américain(s)"?
« homo oeconomicus est devant nous » prophétisait le grand Marcel Mauss.
« il est arrivé et le voilà au top », constate R.Debray. P56 « (..) on peut se demander si la science économique mérite son nom. Ce champ de bataille parascientifique, malgré son appareillage arithmétique, ne ressemble pas aux sciences exactes. (..)les vainqueurs de la libre entreprise n'ont abandonné l'ex-opium du peuple, la religion, que pour un stupéfiant encore plus efficace. Dommage que cette piété ne fasse pas plus de cas des mathématiciens. La mort des plus grands passe inaperçue. »
R.D ironise souvent dans cet état des lieux nourri d'histoire et de philosophie, passant au crible la notion de civilisation telle que mise en question par P.Valery en 1939 déjà : « je me demande si tout ceci-l'Europe-ne finira pas par une démence ou un ramollissement général. ». Nous nous demandons, en effet. Force est de le constater, mais plus intéressant encore, d'en démanteler la mécanique pour qu'enfin...euh...plus jamais ça ?Barbarie vs snobisme n'étant pas une solution, R.D en appelle à notre désir de transmettre à nos enfants au-delà de tout chantage idéologique, une certaine idée de la beauté et de la vérité comme désirables.. « Civilisation » est un livre foisonnant et d'accès aisé, qui puise chez Homère, Virgile, parle de Cadillac et d'internet, de bobos et de Bovvie....bref, qui parle de nous pour nous. A lire, indiscutablement.