Biographie de Kiriko Nananan
Derrière ce nom étrange, se cache l'un des visages les plus originaux de la bande dessinée des femmes au Japon. Dans la lignée de Murasaki Yamada dans les années 70, puis, entres autres, de Kyôko Okazaki, Kiriko Nananan aborde en effet de l'intérieur les sentiments et la sexualité féminine. C'est en 1993 qu'elle entame sa carrière avec le récit Hole paru dans "Garo", la mythique revue créée en 1964 comme l'écrin d'une bande dessinée adulte, devenue par la suite le bastion de toutes les avant-gardes.
Vite remarquée, Kiriko Nananan, fidèle à "Garo", se tourne aussi vers des magazines à plus forts tirages. Sensible et réaliste, son regard sur la jeunesse japonaise est d'une tendresse non dépourvue de cruauté. Ainsi, Heartless Bitch retrace la conversation de deux amies, l'une évoquant sa dernière liaison avec une insouciance confinant au cynisme. Touchant au plus près des sentiments, Kiriko Nananan adopte la forme du monologue dans Painful Love, qui relate en plan fixe une rupture amère.
Depuis 1996, elle explore les tourments intimes dans des récits de plus longue haleine, tels que Blue, mélancolique page d'amour entre deux lycéennes, ou Everyday. L'intériorité" de ses histoires s'accorde avec un dessin à la fois lisse et contrasté, et c'est avec ce découpage si singulier (alternance de gros plans de visages, de silhouettes ou d'objets cadrés) qu'on l'identifie au premier coup d'œil.
Avec Nananan, l'expression "une sensibilité à fleur de peau" acquiert tout son sens