Né en Hongrie en 1914, Etienne Sved intègre à Budapest en 1930 l'Atelier, une école d'arts graphiques fondée par des professeurs du Bauhaus qui ont fui l'Allemagne nazie. Juif, il doit à son tour quitter son pays à l'arrivée des nazis et se réfugie en Egypte en 1938. Il y demeurera jusqu'en 1946. Journaliste pour le Progrès égyptien, il publie de nombreux dessins satiriques avant de découvrir la photographie. Il parcourt le pays à dos d'âne, s'attarde aussi bien dans les musées et les sites funéraires que sur les rives du Nil, où il photographie ses contemporains. Il rapporte de ce long voyage une impressionnante collection de photos, d'une grande valeur historique, qu'il exploite notamment dans un ouvrage paru en 1954, qui le révèle au grand public, l'Egypte face à face, avec un texte de Tristan Tzara.Installé en France après la Seconde Guerre mondiale, Etienne Sved y prolonge sa démarche photographique tout en menant avec succès une carrière de graphiste publicitaire. Dans les années 1970, il crée sa maison d'édition en haute Provence et se fait remarquer par la publication de Provence des campaniles, qui reçoit le prix Nadar en 1990. Il poursuit son travail d'éditeur et de photographe jusqu'à son décès, en 1996. En 2003, le musée Nicéphore-Niépce fait l'acquisition du fonds photographique moyen-oriental d'Etienne Sved, composé de plus de 3000 négatifs et de vintages (tirages d'époque). La même année, une importante exposition organisée à Manosque, Etienne Sved photographiste, retrace son parcours et présente pour la première fois les photos d'Egypte au public. L'année suivante, le musée Denon de Chalon-sur-Saône élargit l'audience du photographe avec une exposition intitulée Moolesh, un asile photographique au Moyen-Orient. Poète, critique et essayiste, né à Oran en 1939, il vit et travaille à Paris depuis 1968. Par son œuvre discrète, Malek Alloula est un acteur majeur de la poésie algérienne. Il se révèle aussi critique d'art travers son livre le Harem colonial, images d'un sous-érotisme (éditions Slatkine,1980 et éditions Séguier, 2001), où il met nu l'imagerie coloniale en dénonçant les stéréotypes qui en constituent les fondements. Née en 1950 à Ksar-el-Boukhari, village de la région de Médéa, Maïssa Bey perd très jeune son père, instituteur, qui meurt sous la torture de l'armée française durant ta guerre d'Algérie (épisode relaté dans le récit Entendez-vous dans les montagnes, Editions de l'Aube & Barzakh, 2002). Par une écriture retenue, Maïssa Bey dénonce la violence de la société algérienne aujourd'hui, la douleur des femmes sous la tutelle des hommes, les oublis de l'histoire. En 1999, elle a obtenu le prix de la Société des gens de lettres pour Nouvelles d'Algérie (éditions Grasset). Elle vit à Sidi Bel Abbes, à 300 kilomètres à l'ouest d'Alger. Né à Constantine, en Algérie, en 1950, Benjamin Stora est professeur des universités. Il enseigne l'histoire du Maghreb et de la colonisation française (Indochine-Afrique) et codirige l'institut Maghreb-Europe à Paris VIII-Saint-Denis depuis 1990. Ses recherches ont porté sur des figures oubliées ou méconnues de la Révolution algérienne, sur la question des imaginaires véhiculés par les guerres de colonisation et leur impact dans la société française, ou encore sur la question de l'amnésie et du travail de mémoire.