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Dans la grande tradition du roman sudiste, La couleur pourpre, qui dénonce l'oppression raciale et sexuelle dont furent victimes les femmes noires, a fait date. Celie et Nettie sont deux soeurs séparées à l'adolescence mais liées par un amour indéfectible que ne terniront ni les brimades ni le mépris, ni les guerres ni l'absence. Celie, mariée enfant à un homme violent, ne reçoit pas les lettres que lui adresse Nettie, devenue missionnaire en Afrique, car son mari les subtilise.
Ignorant l'adresse de sa soeur, elle-même envoie ses lettres au bon Dieu. Une correspondance sans espoir de réponse. Une correspondance qui sauvera les deux femmes du désespoir. La couleur pourpre a été adapté au cinéma en 1984 par Steven Spielberg.
Un grand roman
J’ignorais qu’il s’agissait d’un roman épistolaire avant de relire la quatrième de couverture. Et contrairement à mes appréhensions, il n’est pas du tout triste ou plombant. Bien sûr, les thèmes abordés sont graves. Au travers des destins croisés de Celie et Nettie, l’auteur évoque le racisme des blancs envers les noirs dans le Sud des Etats-Unis, le patriarcat et la violence imposés aux femmes au sein de la communauté noire, les mutilations génitales, la domination des Blancs et la manière dont ils ont exploité les populations locales en Afrique, l’inceste, la maladie, … et j’en passe. Mais la force de la romancière est de raconter ces réalités sans apitoyer le lecteur, sans pathos, même avec un grand humour parfois. Car certains passages relèvent d’une grande cocasserie. Il faut dire que les protagonistes imaginés par Alice Walker sont de la trempe des grands personnages, ceux qu’on n’oublie pas, qu’on continue à porter en soi une fois la dernière page tournée. Que ce soit Celie, qui supporte tout en silence ou Nettie qui a pris son destin en mains. Ou encore Shug et Sofia, ces femmes aux caractères forts, qui ne s’en laissent pas conter par les hommes et leur mènent la vie dure. Ces derniers n’ont pas souvent le beau rôle dans ce récit, tout comme les Blancs, souvent perçus comme oppresseurs.
Un grand roman, magnifique ! Un coup de cœur.