J'avais ce roman dans ma PAL depuis quelques temps. Une discussion avec Loesha sur l'écriture fantasmée dans Harlequin chez les zombies nous avait amenées à nous y intéresser. Le film Warm bodies sorti il y a quelques semaines a ravivé mon intérêt. Je l'ai donc sorti des étagères, si l'on peut dire, et j'ai commencé cette lecture, sans en attendre grand chose.
Mais ici, ce n'est pas ce que j’appellerais de la bit lit. La romance n'est qu'un prétexte pour mettre en contact les Vivants et les Morts et les amener à se poser des questions sur ce qui les définit. Pas d’Élu qui serait
doté de pouvoir particulier, ni missionné pour exterminer une race infernale. Pas de combats qui se succèdent. Par certains aspects, ce roman m'a fait penser à Je suis une légende de Richard Matheson. On y retrouve en effet cette réflexion sur ce qui fait l'humanité, et ce qui la distingue du monstre. L'auteur s'attache à décrire le processus de changement qui pourrait mener à la guérison. Tout tient dans la conscience de ce qu'on est et dans le concept de choix. Un bref, tout peut tenir dans un seul mot : espoir. C'est effectivement un sujet à la mode en ce moment, avec le succès de la série The Walking Dead.
Malheureusement, les bases du roman sont quelque peu bancales. On nous dit que les zombies ne parlent pas, n'échangent pas. Or, dès le début, R et M discutent d'une éventuelle virée en ville pour aller manger. Être dans la tête de R n'aide pas davantage car nous sommes plongés dans ses pensées, supposant une conscience de lui-même et de ce qui l'entoure qu'il ne devrait pas avoir en tant que Mort. Sa pensée est aussi structurée que celle d'un être humain normal. Difficile alors d'identifier R comme un vrai zombie. Même si, pour faire passer cette pilule nécessaire, l'auteur tente de construire une vie sociale et organisée aux Morts : ils peuvent se marier, même si cela ne représente pour eux pas la même chose que pour nous ; ils peuvent élever des enfants ; ils ont des professeurs et des chasseurs... Alors bien sûr, on supposera que R n'est peut être pas un zombie comme les autres.
Il y a également quelques longueurs. Julie passe quelques jours à l'aéroport, le monde des Morts. Et ensuite, c'est au tour de R d'aller passer quelques jours dans le monde des Vivants, à Citi Stadium. Cette construction en miroir, qui cherche à nous montrer que les zombies ne sont pas si différents, que celui qui "vit" n'est peut être pas celui qu'on croit. Mais elle apporte aussi beaucoup de longueurs et de lourdeur au récit. Et puis la fin est assez niaise et convenue, reconnaissons le.
Au final, ce roman est parsemé de bonnes idées, la réflexion de fond est intéressante, mais le tout est mené un peu trop maladroitement.
http://nourrituresentoutgenre.blogspot.fr/2013/06/vivants-isaac-marion.html
« Je suis mort, mais ce n'est pas si mal. J'ai appris à vivre avec. »
La littérature fantastique s'évertue à décortiquer les comportements de l'homme face à une invasion zombie. Et si, pour une fois, on délaissait plus ou moins les angoisses des vivants pour vivre l'apocalypse par les yeux d'un cadavre ambulant aussi cynique que drôle ?
Pour son premier roman, Isaac Marion revisite le genre avec beaucoup d'humour et nous offre un remake post-apocalyptique de Roméo et Juliette.
Les aficionados du genre retrouveront une bonne dose de cerveaux dévorés. Quant aux plus réticents ils se régaleront des réflexions philosophiques de R., zombie malgré lui.
Une histoire d'amour aussi touchante qu'inattendue !