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La Yougoslavie implosait. Les Zapatistes prenaient les armes au Chiapas. Au Rwanda on exterminait en masse. Partout les bulles spéculatives enflaient. La techno et l'ecstasy multipliaient les nuits blanches. La France était reine du football. De grandes grèves réveillaient le mouvement social, et les idéologues qui croyaient avoir vaincu le communisme commençaient à déchanter, pendant qu'Internet balbutiait et qu'un président américain jouait son poste sur une gâterie.
Autre temps, si récent pourtant, que celui où prit naissance notre présent.
Car dans l'intervalle entre la chute d'un mur, à Berlin, et l'écroulement de deux tours, à New York, le monde a basculé, avec les certitudes qui le portaient : celles de la fin (de l'Histoire, du social, de la guerre...), vite corrigées par le retour de l'événement, et celles du bonheur néolibéral sans alternative, que les faits comme les nouveaux résistants s'appliquèrent à démonter.
L'ambition de ce livre est d'offrir la première histoire générale, plurielle et engagée de la dernière décennie du XXe siècle : l'ère de la " fin de l'Histoire " avait besoin de son manuel d'histoire, pour y voir s'entrecroiser culture et politique, pop et peuple(s), régressions brutales et nouvelles zones autonomes temporaires - et pouvoir passer, peut-être, de la fin de tout au début de quelque chose.
Fin de la "fin de l'histoire"!
Une relecture pluridisciplinaire de cette décennie à la fois si proche et déjà si lointaine percutante. Ni bilan fastidieux, ni procès partial, mais une replongée via les textes de belles plumes emblématiques de l'époque. Le livre permet de prendre la distance nécessaire à toute réflexion tout en évoquant, en bien comme en moins bien, les évènements qui tissèrent la trame des nineties, dont les émotions résonnent encore. Un travail soigné de maquette parachève le tout.
Les éditions de la Découverte publient là un bien beau livre de sociologie engagée.