Guillaume Chérel connait sa littérature. Il est lui même écrivain et a publié plusieurs portraits d’écrivains américains parmi lesquels Hemingway, Kérouac ou encore London. Il nous propose avec “Un bon écrivain est un écrivain mort” une anti-rentrée littéraire qui vaut franchement le détour. Chérel est un iconoclaste qui sait jouer avec le clavier du monde littéraire. L’idée de ce débat organisé par Augustin Traquenard autour du thème ‘Littérature et modernité” dans un ancien monastère des Alpes-Maritimes est très belle trouvaille. D’autant que notre journaliste
invite pas moins de dix écrivains à ce débat, et pas des moindres : Fréderic Belvédère, Yann Moite, Michel Ouzbek, Jean de Moisson, Amélie Latombe, Christine Lego, Delphine Végane, Tatiana de Roseray, David Mikonis, Kathy Podcol. Chacun d’eux a reçu un courrier anonyme les invitant dans cette bâtisse retirée reconvertie en résidence d’auteurs.
La cruauté fait parfois du bien, surtout quand elle est bien ciblée et qu’elle est traitée avec la distance nécessaire. Qui aime bien châtie bien. Chérel a eu l’idée de ce roman à l’été 2015 dans la cuisine du monastère de Saorge, où il séjournait pour trois mois en résidence d’écrivains. Comme l’écrivait London l’inspiration c’est d’aller chercher les idées et les personnages où ils sont, avec une matraque, s’il le faut… Mais en vérité Chérel n’a pas besoin de cette matraque. Les personnages d’écrivains qu’il croque livrent une vérité souvent très éloignée de l’art romanesque. L’Immortel Jean de Moisson par exemple : “ Quand j’étais jeune, vous auriez dû voir ça. Nous ne portions pas de ceinture de sécurité. Bon, d’accord, ça a tué Nimier et Camus, vous me direz. Et Sagan a failli y passer. Mais on mourait en Aston Martin, à l’époque. C’était la classe!” Où le médiatique Yann Moite :”La machine était lancée, cette fois il avait décroché une rente à vie. Aujourd’hui, il était un écrivain arrivé. Ses journées étaient surchargées. Il ne savait plus ce que le mot loisir voulait dire. Entre deux émissions de télé ou de radio, il écrivait ses chroniques et ses livres de commande.” La plume de Chérel est acérée et n’épargne aucun des invités à ce débat et pourtant le lecteur peut déceler une certaine tendresse envers ces hommes et ces femmes qui ont consacré leur vie à l’écriture. Le récit prend rapidement un cours inattendu et le débat organisé par Augustin Traquenard livrera bien d’autres vérités que celles auxquelles le journaliste pouvait s’attendre. Quant au lecteur il aura passé un excellent moment en compagnie de cet aréopage d’écrivains célèbres. “Un bon écrivain est un écrivain mort” est l’une des surprises pleine d’humour de la rentrée littéraire.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
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Guillaume Chérel connait sa littérature. Il est lui même écrivain et a publié plusieurs portraits d’écrivains américains parmi lesquels Hemingway, Kérouac ou encore London. Il nous propose avec “Un bon écrivain est un écrivain mort” une anti-rentrée littéraire qui vaut franchement le détour. Chérel est un iconoclaste qui sait jouer avec le clavier du monde littéraire. L’idée de ce débat organisé par Augustin Traquenard autour du thème ‘Littérature et modernité” dans un ancien monastère des Alpes-Maritimes est très belle trouvaille. D’autant que notre journaliste invite pas moins de dix écrivains à ce débat, et pas des moindres : Fréderic Belvédère, Yann Moite, Michel Ouzbek, Jean de Moisson, Amélie Latombe, Christine Lego, Delphine Végane, Tatiana de Roseray, David Mikonis, Kathy Podcol. Chacun d’eux a reçu un courrier anonyme les invitant dans cette bâtisse retirée reconvertie en résidence d’auteurs.
La cruauté fait parfois du bien, surtout quand elle est bien ciblée et qu’elle est traitée avec la distance nécessaire. Qui aime bien châtie bien. Chérel a eu l’idée de ce roman à l’été 2015 dans la cuisine du monastère de Saorge, où il séjournait pour trois mois en résidence d’écrivains. Comme l’écrivait London l’inspiration c’est d’aller chercher les idées et les personnages où ils sont, avec une matraque, s’il le faut… Mais en vérité Chérel n’a pas besoin de cette matraque. Les personnages d’écrivains qu’il croque livrent une vérité souvent très éloignée de l’art romanesque. L’Immortel Jean de Moisson par exemple : “ Quand j’étais jeune, vous auriez dû voir ça. Nous ne portions pas de ceinture de sécurité. Bon, d’accord, ça a tué Nimier et Camus, vous me direz. Et Sagan a failli y passer. Mais on mourait en Aston Martin, à l’époque. C’était la classe!” Où le médiatique Yann Moite :”La machine était lancée, cette fois il avait décroché une rente à vie. Aujourd’hui, il était un écrivain arrivé. Ses journées étaient surchargées. Il ne savait plus ce que le mot loisir voulait dire. Entre deux émissions de télé ou de radio, il écrivait ses chroniques et ses livres de commande.” La plume de Chérel est acérée et n’épargne aucun des invités à ce débat et pourtant le lecteur peut déceler une certaine tendresse envers ces hommes et ces femmes qui ont consacré leur vie à l’écriture. Le récit prend rapidement un cours inattendu et le débat organisé par Augustin Traquenard livrera bien d’autres vérités que celles auxquelles le journaliste pouvait s’attendre. Quant au lecteur il aura passé un excellent moment en compagnie de cet aréopage d’écrivains célèbres. “Un bon écrivain est un écrivain mort” est l’une des surprises pleine d’humour de la rentrée littéraire.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)