Étrange aventure que de s'ennuyer à la lecture d'un "thriller", et d'étouffer quelques bâillements...C'est pourtant ce qui m'est arrivé.
La raison principale tient en quelques mots: "clichés", "convenu","caricatures" "maladroit". Mais rassurez-vous, il y a aussi de bonnes remarques à faire sur ce roman, j'y reviendrai tout à l'heure, passons d'abord aux choses qui fâchent.
D'abord, cette volonté évidente de "choquer" le lecteur, mais qui se fait de manière tellement naïve qu'elle retombe comme un soufflet...Je n'ai absolument pas été "choquée",
juste de plus en plus lassée, au fil de ma lecture.
Suffit-il, pour "choquer" le lecteur, d'écrire, des dizaines de fois (à vrai dire, j'ai renoncé à les compter), les mots ", "putain","merde", connasse", "salope", "queue", "suceuse", etc, etc? En ce qui me concerne, ce genre de vocabulaire ne me pose aucun problème, à condition qu'il soit employé à bon escient, et dans une réelle dynamique littéraire.
Suffit-il, pour écrire un roman soit-disant "trash", de décrire des scènes de sodomie, de viol,de prostitution ,de corps qui brûlent, de coups qui pleuvent, etc?
Le "trash", ce n'est pas ça, le "trash", le "cru", c'est pousser le lecteur hors de ses retranchements, l'obliger à ouvrir les yeux, quand il voudrait les laisser fermés...Or, rien de cela ici, et j'en arrive à ce qui m'a peut-être le plus gênée: les clichés, qui se multiplient tout au long du livre... Mon dieu, comme les personnages et les situations sont caricaturales! Un flic "cassé", une ex-femme castratrice, une "héroïne" mi Blanche-Neige, mi catin, un père incestueux, une mère cinglée, une poupée qui parle (mal, hélas!), des hommes qui sont tous des "cochons", sauf bien sûr le "prince charmant" mais qui n'en est pas tout à fait un,...j'en passe , et des meilleures!
Certaines scènes frisent d'ailleurs le ridicule, comme celle de la "naissance"(??) du "bébé" (???), ou encore celle de la description de l'ex-femme qui crame dans la voiture, ou encore le sort final réservé à Barbara -Barbie(oui, elle s'appelle comme ça, selon qu'elle est vierge ou putain), qui rappelle vaguement celui que Djian avait inventé à Betty dans 37°2 le matin..
Parlons maintenant du style, puisqu'ici, c'est un blog qui parle de littérature...Certains passages sont honnêtement écrits, d'autres maladroitement, avec des formulations parfois un peu naïves; on sent que cette auteure peut vraiment mieux faire, mais ...cela va demander , sans doute, du temps, et une certaine maturité, qui est très loin d'être là.
Pour finir, quelques points positifs: la construction se tient, les chapitres s'enchaînent intelligemment, la progression de l'intrigue est réelle, et l'auteure a manifestement travaillé pour nous livrer ses 327 pages.
Alors, Ingrid Desjours, "nouvelle reine du thriller"? à vous d'apprécier! Bonne lecture!
Qui a-t-il dans les yeux de la poupée ?
Sa vie dans les yeux d'une poupée est un thriller psychologique d'une intensité extrême.... Et s'il est ainsi, c'est bien évident grâce à l'histoire incroyablement bien ficelée par Ingrid Desjours.
Mais, ce qui rend ce thriller si réussit et ce qui le transforme dès les premières pages en un "page-turner" redoutable, c'est l'écriture d'Ingrid Desjours.
Les crimes, bien qu'atroces, ne sont pas directement décrits à quelques petits détails. La psychologie des personnages est distillée à petite touche tout au long des pages. L'ambiance s'alourdit pour devenir noire et glauque.
Et pourtant, tout abîmé que soit ses personnages, Ingrid Desjours sait les rendre attachants. Aussi lourde que soit l'ambiance, un peu de soleil semble vouloir percer pour adoucir les peines.
Un thriller à découvrir absolument.... pour tout ça mais surtout pour un final en apothéose noir, très très noir, mais aussi très tendre.