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"Top chrono ! Dans trois ou quatre minutes je vais quitter la cité Mimosa pour la grande ascension, les fenêtres pleureront sur mon passage, les géraniums pleureront, les arbres agiteront tristement la main. Castor me demande pendant des heures où est passé le fric que j'ai gagné sur son dos. Il est dépensé ton fric, pauvre pomme, il est parti en fumée, il est parti en chewing-gum, en casquette et en parties de flipper, il s'est échappé par un trou dans la caisse du supermarché, et tu pourrais fouiller sous mon lit, éventrer mon matelas et creuser jusqu'en Chine que tu trouverais rien.
Un jour, ma mère a murmuré à mon père : « Je sais que tu reviendras. » Si quelqu'un m'avait dit ça à moi, je me serais démerdé de toutes mes forces pour rentrer à la maison, je me serais servi de ma tête, de mes bras, de mon cou, de mes pieds, et même s'il avait fallu pour cela que je tue quelqu'un.
J'aurais fait des efforts incroyables, couru à droite, à gauche, droite, gauche, je me serais tortillé comme un serpent, j'aurais essayé de prendre toutes les formes possibles pour rentrer à la maison bouffer des spaghettis bolognaise avec de l'emmental râpé et nourrir mes guêpes, j'aurais essayé de me changer en chien, en chat, en cheval, en tigre, en table, en caillou, j'aurais même essayé d'être un géranium, sans rire, j'aurais fait tout mon possible, je me serais roulé par terre pour faire croire que je suis épileptique, et puis j'aurais remonté le temps, vers autrefois quand j'avais de l'air dans les poumons, j'aurais revécu ma vie jusqu'au moment d'avant l'emprunt malheureux des 150 euros à Castor, pour revenir à l'air libre, et respirer, respirer, respirer, respirer."