Philippe Nonie nous propose avec “Les pierres de mémoire” un étonnant roman construit autour d’un récit inter-générationnel qui revient sur une réalité historique que beaucoup ignorent encore. “ Pendant des siècles, les cagots ont été ces hommes et ces femmes traités comme des dégénérés. Ils vivaient en communauté tels les lépreux dans les lazarets. Ils ne mesuraient guère plus d’un mètre cinquante, parfois moins, et devaient porter une patte d’oie cousue sur leurs habits pour les distinguer des autres. Dans les villages, un cours d’eau – un ru, une rivière,
un fleuve – faisait systématiquement office de frontière entre les cagots et les autres…”
Il manque à Henri, personnage principal du roman, quelques centimètres, ce qui fait de lui un cagot. C’est un adolescent sensible et discret. Il vit en retrait de ceux de sa génération et sert d’homme à tout faire dans l’exploitation agricole familiale pas très loin de Bagnères-de-Bigorre, dans les Pyrénées. Mais Henri il supporte mal sa condition de paysan. Il rêve à un autre destin, loin de cette ferme où il perd son temps. En effet c’est un grand lecteur et il possède un véritable talent pour l’écriture. Au fond de lui il veut être écrivain mais ses parents considèrent les gens de lettres comme des ratés.
Le roman reprend pas à pas l’itinéraire d’Henri vers cette existence qu’il sent possible mais que les circonstances semblent lui interdire. Tout va commencer par une étrange rencontre dans un champ que les gens appelle « La parcelle aux génisses » près d’une grange en ruine. L’adolescent découvre une peintre inconnue qui a planté son chevalet pour peindre la grange. Cette dernière va poser ses doigts sur les yeux du cagot et lui demande de toucher les pierres dont elle prétend qu’elles possèdent une mémoire. Le lendemain, il est en proie à une intense créativité qui ira en s’intensifiant tout au long du roman et qu’il doit satisfaire en écrivant. Le virus est inoculé et Henri se dirige vers une existence très différente de celle qui aurait dû être la sienne.
« Les pierres de mémoires » fonctionne sur le mode du conte poétique qui vous saisit au vol et ne vous libère qu’à la dernière ligne. Roman de la libération d’une vie, imprégné de poésie et obsédé par l’acte même d’écrire « Les pierres de mémoire » est aussi un roman profondément ancré dans le temps, des années 60 au début des années 2000. Un très beau roman.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
Les pierres de mémoires
Voilà une belle découverte littéraire, une pépite trouvée en librairie lors d'une dédicace de l'auteur que je ne connaissais pas.
Il a su bien me parler de son roman et de cette histoire étonnante des cagots dont je n'avais jamais entendu parler auparavant ni à l'école, ni dans les journaux, ni à la télé.
L'auteur a su construire un personnage qui oscille entre lumière et ténèbres lorsqu'il est dévoré par cette frénésie créative après avoir rencontré Bénédicte, cette femme porteuse d'un étrange virus.
Ce qui est étonnant et très agréable, c'est sa capacité à mener ce roman comme un polar avec une intrigue qui m'a tenu en haleine et une écriture poétique et touchante.
Franchement, une belle découverte que je recommande !