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« "J'ai froid. Très froid", dit-elle dans un français presque sans accent. Sa voix était lasse, mais néanmoins assurée. Léon, un peu gauche, recula de deux pas, la laissa entrer et referma la porte. Force était de constater que toute la chaleur de la pièce s'en était allée et que cette maudite bouillasse avait, par-dessus le marché, lessivé le plancher sur plus d'un mètre ! Les yeux exorbités, rivés tantôt au sol tantôt à la ravissante frimousse de sa visiteuse, Léon vacillait entre fureur et hébétude...
Continuer à la dévisager ne changerait malheureusement rien. Il décida d'aller raviver le feu. »
Après avoir beaucoup bourlingué, Léon s'est retiré du monde à la pointe du Finistère. Un soir de tempête, on cogne à sa porte. Il ouvre en grognant - c'est une jeune Asiatique, presqu'inanimée, qui l'appelle par son prénom. Avec Yannie, venue de l'autre bout du monde, Léon découvre l'histoire ténébreuse d'un demi-frère expatrié à Haiphong au Vietnam, d'une descendance, d'un cousinage, d'une autre culture pleine de personnages hauts en couleur, et du lourd silence cachant un affreux secret de famille.
À travers une intrigue pleine de rebondissements, tous les sentiments s'expriment : le mensonge et la violence de Ha-Sinh, le père de Yannie, la honte et la peur de celle-ci, mais aussi l'amour, l'amitié, l'humour.
Naît aussi la force d'une attraction irraisonnée, celle de Léon pour ce pays lointain et inconnu...
Élisabeth Larbre habite dans les Côtes-d'Armor. Les Embruns du fleuve Rouge est son premier roman.
Quel beau roman, très bien écrit et facile à lire !
Magnifique histoire dans un style très fluide, enlevé, inattendu, et poétique. C'est avec beaucoup de plaisir que je me suis laissée embarquer dans le sillage de Léon, marin breton bourru mais au grand cœur !
Les personnages au fil des pages deviennent nos amis, nos doubles ; ils sont là, à-côté de nous, présents dans notre cœur et notre tête. Ils ne nous quittent plus, nous tiennent la main ou l'inverse... On vit avec eux, on partage leurs joies et peines. Les paysages décrits avec maestria nous enveloppent et nous imprègnent d'une atmosphère à la fois grandiose et intimiste. Une alchimie magique et addictive. On referme le livre et... on y pense toujours et encore !