Portrait fulgurant de Sylvia Plath ce “Lazare mon amour” nous touche en plein coeur parce que c’est un livre fort sur l’écriture et la vie. Gwenaëlle Aubry effectue une plongée sidérante dans la vie d’un être iconique, une femme qui mourut et ressuscita plusieurs fois, une femme Lazare qui chaque fois renaissait de ses cendres. Sylvia Plath n’a jamais cessé d’écrire dans une espèce de mouvement frénétique, nouvelles, poèmes, et un roman, elle écrit pour vivre. Météore littéraire incroyablement prolifique Plath pouvait aussi traverser de longue période sans écrire
une ligne. Fille d’un émigré allemand, elle publie son premier poème à 8 ans mais perd son père au même moment. Nait alors cet amour fascination pour le disparu qui va la poursuivre pendant toute sa courte existence. Plath fera tout avec excès, sans jamais chercher à se préserver vraiment. Son génie protéiforme. Tour à tour poétesse, mère – elle aura deux enfant avec Ted Hugues -, petite fille, amoureuse, amante, elle recherche la perfection en tout et ne parvient pas à se satisfaire de ce que la vie lui offre. Elle se coltine avec la langue, elle voudrait se libérer d’elle comme d’une mère encombrante - la sienne en l’occurrence dont elle est le rêve de réussite littéraire. Etre ce que sa mère n’a pas réussi à être puisque la seule oeuvre qu’elle a pu produire, c’est elle Sylvia. . Son amour dévorant pour le poète Ted Hugues ne la sauvera pas, pire peut être il l’accablera : elle poétesse géniale et méconnue dans l’ombre du poète génial et reconnu. Hugues tente de l’aider mais ses paroles souvent malheureuses l’enfoncent un peu plus dans la solitude. Gwenaelle Aubry parvient à rendre dans une écriture tendue la trajectoire courte et brûlante de cette femme amoureuse de l’océan – qu’elle appelait son “grand guérisseur” – mais dont la postérité a trop souvent retenu le destin tragique au détriment de son travail littéraire.
Livre profond “Lazare mon amour” n’est pas seulement un ouvrage qui célèbre l’oeuvre de Sylvia Plath c’est aussi un récit sans concession sur la difficulté d’être femme quand on porte en soi le feu du génie créateur. Cette poétesse fragile et mythique le lecteur a envie de la prendre dans ses bras pour l’empêcher, à trente ans, de commettre le pire.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)
Sylvia Plath
« je crois que Plath a été violemment, excessivement vivante, que de la vie elle a tout embrassé, mort incluse. Et aussi que l’écriture naît de ça : la sensation (effroi et éblouissement) d’un excès de la vie sur elle-même que la vie ne suffit pas à combler. »
Cet ouvrage est une belle introduction à la vie de Sylvia Plath pour celles et ceux qui ne connaissent ni la vie, ni l’œuvre de l’Américaine.