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Nikos Stangos et David Plante se sont rencontrés en 1965 à Londres. David était un jeune écrivain américain amoureux d'une Grèce de chimères classico-érotiques, Nikos était un poète, un esthète et un intellectuel de gauche, survivant de l'occupation nazie dans son pays : cultivé, humble et profond. Nikos était pur. Ils passèrent les quarante années suivantes à s'aimer. Jusqu'à ce qu'une tumeur au cerveau emporte Nikos.
À hauteur de chevet, et dans une prose poétique épurée, David Plante expose la douleur humaine et la fin de la vie, tout en célébrant le temps écoulé, trésor que sa fugacité rend précieux, l'amour partagé, les conversations d'une vie résonnant toutes dans le même écho de la dernière.
Au chevet du mourant s'assoie le fantôme de ce qu'il a été, ainsi celui qui veille l'être qui s'en va entrevoit, de l'autre côté du lit, tout proche et à une vie entière de distance, les gloires passées du corps qui se fane, l'éclat de la jeunesse dans les yeux désormais voilés de souffrance. Et remontant aux origines de l'amour, la mémoire offre au mourant son dernier ballet, une arabesque de chagrin de la lumière à l'ombre.
Dans un texte à la fois extraordinairement brutal et d'une mélancolie absolue, David Plante médite, chante et pleure l'être aimé.
Parce qu'il écrit depuis le cour ravagé et inconsolable de cette solitude, il réussit, par fragments successifs, à dire la vérité du deuil - ses gouffres insondables et ses pans illuminés - et la réalité de celui qui accompagne. De l'annonce aux derniers mois, des dernières semaines au décompte des jours qui précèdent et se resserrent, il faut apprendre à quitter et à se souvenir en même temps, supporter de voir son amour embrasser l'agonie, regretter déjà mais rester encore, en venir à souhaiter la mort de celui qu'on voulait retenir, pour se raviser toujours au moindre geste encore familier, au moindre regard lourd de réminiscences, au plus petit vestige de ce qui s'en va déjà et gagne en chemin l'éternité de la mémoire, ce dernier trésor partagé qu'est la douleur.