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Tout commence avec Paul Valéry, se moquant des conventions du roman, quand la littérature s'y prend les pieds : « La marquise sortit à cinq heures... » Depuis, c'est une phrase étendard : parce qu'il y en a tant, de livres et même de ceux qui se vendent et se vendent, qui prennent les recettes de l'illusion sans les remettre en chantier, les questionner. Non, « la marquise sortit à cinq heures » ne fait définitivement rien sortir de la langue.
Sauf ici.
Disons d'abord que c'est un jeu, une jouissance. Pas un amoureux de Simenon qui ne connaisse Lognon, dit le mal gracieux. Mais d'autres personnages de Simenon, des lieux aussi (le Picratt's, le boulevard Lenoir, vont surgir dans le récit). Parce que, si la marquise est sortie, c'est liéà des tas et tas de choses louches. Et qui n'a pas sommeillé devant un Nestor Burma à la télévision ? Mais qu'on gratte encore un peu plus les strates d'écriture sous Kill that marquise, on verra passer - comme Fellini qui fait danser Proust et Kafka -, ledit Marcel, Emma Bovary ou Victor Hugo et bien d'autres.
Et ça se complique même un peu lorsque des auteurs réels de romans policiers utilisent eux-mêmes des pseudonymes tirés de Simenon, et qu'ils viennent croiser le texte avec extraits de livres pour de vrai.
Alors, exercice intellectuel où s'ennuyer et se perdre ? Que non. Voyez la Disparition de Perec : c'est pour de vrai un roman policier, et qui n'est pas prévenu tombera parfaitement dans le panneau tendu.
L'art du jeu, c'est de créer une machine plus forte que vous, qui vous emporte où vous n'avez pas prévu d'aller.
Michel Brosseau a lancé le 4 janvier 2010 un Mannish Boy (Lien -> http://www.publie.net/fr/ebook/9782814500457/mannish-boy), plus près de Julien Gracq (qui traverse réellement le texte), et le début de carrière d'un jeune enseignant au temps du rock'n roll, Michel est réellement auteur de romans policiers. C'est comme les prestidigitateurs ou les funambules : faire un vrai roman policier en jouant des ficelles du roman policier, ça ne s'improvise pas.
Il faut déjà connaître un peu ses bases. Nous, ça va, on a nos bases de lecteurs : que Lognon ici (et le jeune Lapointe bien sûr) avec joie renverse.