Poigne et puissance. Quand on étreint cette histoire, c’est ce qui ressort. Poigne et puissance. Le lecteur est empoigné, étreint et mis en boule comme un chiffon.
Un couple de parisiens aisés se rend à Saïgon pour adopter un bébé. Projet murement réfléchi. Projet validé. Un vieux bébé de sept mois a été mis de côté pour eux et ils ont de la chance ! Il a été mis de côté parce qu’ils peuvent distribuer des enveloppes.
Elisabeth aurait préféré un petit roumain mais son mari a refusé. Les roumains sont des voleurs de poules !
À Saïgpn, c’est le choc. Tout est
laid. Ils sont rackettés de partout. De l’argent tout le temps, même pour traverser la rue.
Phi Vù est un bel enfant. Il la regarde, il la juge et elle ne ressent rien ou plutôt si. Elizabeth sent qu’elle ne l’aimera pas. Elle veut faire demi-tour, s’en aller mais ça ne se fait pas.
Je ne veux rien rapporter d’ici. Pas un objet souvenir, pas un enfant.
Ils choisissent le prénom d’Antoine pour Phi Vù. Ils rentrent avec l’enfant à Paris et offrent un petit frère à leur fille Emmanuelle.
Elisabeth ne supporte pas les pleurs d’Antoine. Elle ne supporte pas les excréments d’Antoine. Elisabeth frappe son fils de sept mois chaque fois qu’elle le change. Elle frappe de plus en plus fort. Elle sort d’elle-même et se transforme en folle hystérique. Antoine reçoit un coup de biberon dans l’œil, il est marqué mais personne ne remarque rien. Le bébé n’a pas peur d’elle, il s’enroule autour de son corps et s’accroche comme une ceinture.
Pour éviter que quelqu’un nous fasse du mal, soit on s’éloigne, soit on se colle à lui pour être hors de portée de ses mains.
Elisabeth cherche à qui se confier mais les oreilles se ferment.
Un jour, elle appelle la DDASS. Reprenez-le, je vous en supplie ! Le problème avec ce petit garçon, c’est qu’on ne s’entend pas. Réponse embarrassée. Elle a obtenu l’agrément, elle a signé les documents d’adoption, Antoine est son enfant.
Emmanuelle, sa petite fille de 9 ans surprend une première fois sa mère à hurler sur Antoine et à le maltraiter. Sa vigilance éveillée, elle sauve Antoine de la noyade. Sa mère l’avait jeté dans la piscine.
La grande sœur endosse le rôle de maman pour protéger le bébé.
Un ami écoute enfin la détresse d’Elizabeth. Il la somme de consulter un pédopsychiatre et d’arrêter ça tout de suite, sinon il dépose plainte contre elle.
Le lecteur est constamment bousculé. Malgré son côté attachant, je n’ai pu m’empêcher de prendre la narratrice en grippe. Elisabeth Letourneur le sait. Elle a pris ce risque en choisissant ce thème courageux. Elle a extirpé un problème de sa cachette, celui de la greffe d’adoption qui ne prend pas.
« Je n’écrirai que morte » ressemble à une confession.
J’ai un fils en travers de ma vie. Je le sens qui bouge en moi quand je tousse mes regrets.
Toutes les phrases en italique sont extraites du livre.
Annick FERRANT
RECOMMANDE PAR LE RESEAU CULTURE CHRONIQUE
Poigne et puissance. Quand on étreint cette histoire, c’est ce qui ressort. Poigne et puissance. Le lecteur est empoigné, étreint et mis en boule comme un chiffon.
Un couple de parisiens aisés se rend à Saïgon pour adopter un bébé. Projet murement réfléchi. Projet validé. Un vieux bébé de sept mois a été mis de côté pour eux et ils ont de la chance ! Il a été mis de côté parce qu’ils peuvent distribuer des enveloppes.
Elisabeth aurait préféré un petit roumain mais son mari a refusé. Les roumains sont des voleurs de poules !
À Saïgpn, c’est le choc. Tout est laid. Ils sont rackettés de partout. De l’argent tout le temps, même pour traverser la rue.
Phi Vù est un bel enfant. Il la regarde, il la juge et elle ne ressent rien ou plutôt si. Elizabeth sent qu’elle ne l’aimera pas. Elle veut faire demi-tour, s’en aller mais ça ne se fait pas.
Je ne veux rien rapporter d’ici. Pas un objet souvenir, pas un enfant.
Ils choisissent le prénom d’Antoine pour Phi Vù. Ils rentrent avec l’enfant à Paris et offrent un petit frère à leur fille Emmanuelle.
Elisabeth ne supporte pas les pleurs d’Antoine. Elle ne supporte pas les excréments d’Antoine. Elisabeth frappe son fils de sept mois chaque fois qu’elle le change. Elle frappe de plus en plus fort. Elle sort d’elle-même et se transforme en folle hystérique. Antoine reçoit un coup de biberon dans l’œil, il est marqué mais personne ne remarque rien. Le bébé n’a pas peur d’elle, il s’enroule autour de son corps et s’accroche comme une ceinture.
Pour éviter que quelqu’un nous fasse du mal, soit on s’éloigne, soit on se colle à lui pour être hors de portée de ses mains.
Elisabeth cherche à qui se confier mais les oreilles se ferment.
Un jour, elle appelle la DDASS. Reprenez-le, je vous en supplie ! Le problème avec ce petit garçon, c’est qu’on ne s’entend pas. Réponse embarrassée. Elle a obtenu l’agrément, elle a signé les documents d’adoption, Antoine est son enfant.
Emmanuelle, sa petite fille de 9 ans surprend une première fois sa mère à hurler sur Antoine et à le maltraiter. Sa vigilance éveillée, elle sauve Antoine de la noyade. Sa mère l’avait jeté dans la piscine.
La grande sœur endosse le rôle de maman pour protéger le bébé.
Un ami écoute enfin la détresse d’Elizabeth. Il la somme de consulter un pédopsychiatre et d’arrêter ça tout de suite, sinon il dépose plainte contre elle.
Le lecteur est constamment bousculé. Malgré son côté attachant, je n’ai pu m’empêcher de prendre la narratrice en grippe. Elisabeth Letourneur le sait. Elle a pris ce risque en choisissant ce thème courageux. Elle a extirpé un problème de sa cachette, celui de la greffe d’adoption qui ne prend pas.
« Je n’écrirai que morte » ressemble à une confession.
J’ai un fils en travers de ma vie. Je le sens qui bouge en moi quand je tousse mes regrets.
Toutes les phrases en italique sont extraites du livre.
Annick FERRANT