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Depuis Répons, La Dragonne, 2003, et Chemins du
vagabond, L'Arbre, 2004, l'écriture de Daniel Bourrion fixe un
territoire où on dirait qu'il s'agit d'épurer, faire marcher vers
le dépouillement la relation qu'on a aux éléments primordiaux, ceux
où s'organisent à la fois le conflit et la fusion de l'homme avec
sa propre identité et son devenir.
L'atelier de Daniel Bourrion est à ciel ouvert : c'est uneécriture en ligne, Terres (Lien -> http://terres.wordpress.com/) regroupant tentatives et
expériences, mais gardant ce découpage spatial qui est sa
marque : routes, villes, ou bien cette très belle série desImmobiles (Lien -> http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1783).
Ainsi, ce que nous apprennent, ou ce que déplacent, les auteurs
de la génération de Daniel Bourrion, ce n'est pas un avalement de
la littérature par le numérique.
Son chemin d'écriture il
l'accomplit comme n'importe quel écrivain des décennies précédentes
l'a accompli, publications en revues, tentatives qui
progressivement prennent de l'ampleur, et un travail universitaire
préalable en chemin parallèle, comme par hasard sur ce grand
lyrique des éléments et de la violence des hommes qu'est Claude
Simon.
La bascule générationnelle, si elle nous offre au quotidien
l'atelier de l'auteur via le numérique, ne détourne pas ou ne
dispense pas de l'affrontement plus large, où c'est seulement de
phrase qu'il s'agit, et ce qu'on demande au poème, au récit.
Ou à
la façon dont les deux se combinent dans l'élan qui les
rassemble.
Ainsi, ces schémas récurrents d'attaque, un simple jusqu'à ce
que, en incipit des quinze chants de ce texte, simplement
signalés premier, deuxième..., et qui suffisent à ce que letemps en soit le matériau principal. Ainsi la récurrence des
thèmes, ce dépouillement de l'homme dans sa relation aux plus
proches, corps contre souffrance, corps contre pauvreté, ou
travail, ou l'animalité du corps, ou parole, voix, silence.
Si la vieille terre lorraine ici résonne, dans des schémas
d'affrontement des hommes qui ne sont pas si loin des Vies
minuscules de Pierre Michon, ce qu'on écrit n'a pas d'autre
lieu que notre mémoire commune.
Les temps changent : les formes qu'on peut avoir avec un
auteur changent.
L'exercice reste le même. Ici il ne s'agit plus de
l'expérience poétique que le numérique permet de partager
avec l'auteur en temps réel. C'est le mouvement par quoi un texte,
arrivéà sa maturation, ayant gagné sa forme, son épaisseur, se
détache de son auteur et devient parole de tous.
Incipit (Lien -> #9782814501546).