La Tamise n’est pas un long fleuve tranquille ; la vie non plus. Sonia vit en pleine ville de Londres, dans la maison de son enfance, les Berges. Vu de l’extérieur, c’est le tableau parfait de la quadragénaire simple, avec une vie réussie ; vu de l’intérieur, c’est beaucoup plus compliqué. Qu’est-ce qui pousse Sonia à retenir le jeune Jez chez elle ? La solitude ? Le besoin d’être aimée et entourée ? La folie pure ? Ou les fantômes du passé qui ne cessent de la hanter ?
Désordre est le premier roman de Penny Hancock, un thriller psychologique prenant qui nous fera
vivre le début de l’hiver à Londres, sur les bords de la Tamise. La rivière joue un rôle central dans le livre, présence menaçante pour le lecteur, mais rassurante pour l’héroïne. Elle en devient presque un personnage à part entière, tant elle prédit le danger. On le sent arriver, mais on ne peut l’éviter, car le courant nous porte inexorablement vers le désastre. C’est impossible qu’il en aille autrement, mais on ne peut s’empêcher d’espérer...
Notre protagoniste, Sonia, se livre peu à peu à nous, laissant transparaître une onde de folie que l’on essaie inconsciemment de s’expliquer. Les parties qui lui sont consacrés sont à la première personne, ce qui nous aide à entrer dans le personnage et les fréquents flashbacks, parfaitement intégrés à la trame, nous donnent envie d’en savoir plus. Peu à peu, nous découvrons les drames de la vie de Sonia, dissimulés sous des apparences parfaitement normales. C’est ce qui rend l’histoire aussi prenante : le fait qu’elle soit réaliste, qu’elle puisse se passer sans que personne n’en sache rien.
La perspective varie... Nous découvrons ainsi Helen, la tante de Jez, qui a elle aussi un rôle important à jouer. Nos deux héroïnes sont très différentes, mais toutes deux attachantes à leur manière. L’alternance de points de vue nous donne deux manières de voir les choses : la première, externe, est celle de la police et des personnes qui enquêtent sur la disparition de Jez sans avoir la moindre idée de ce qui lui est arrivé. La deuxième, interne, est celle de Sonia, qui est justement responsable de cette disparition. Ce qui est intéressant, et ajoute sans aucun doute de l’attrait et du suspense au roman, c’est que nous n’avons jamais l’avis de Jez. C’est le personnage autour duquel s’articule toute l’intrigue, mais on ne le découvre qu’à travers les yeux des autres personnages. Un choix curieux, mais indéniablement judicieux de la part de l’auteur.
Penny Hancock crée une atmosphère qui se fait de plus en plus étouffante, de plus en plus menaçante avec des descriptions très imagées. En arrière-plan, le fleuve nous accompagne, parfois calme, parfois déchaîné, au fil des courants et des marées. Le rythme fluctue lui aussi, avec un début plutôt lent pour bien poser le décor, puis une accélération progressive et une montée du suspense qui nous tiendront en haleine jusqu’aux dernières pages.
L’atmosphère est sombre et dérangeante, tout comme Sonia. Et pourtant, il semble impossible de détester l’héroïne tant le sort semble s’acharner contre elle, seule et démunie. Une détresse dissimulée sous les apparences, causée sans nul doute par les drames et désordres de sa vie passée et l’instabilité de son présent. Alors que son acte devrait susciter de la révolte ou du dégoût, c’est un mélange d’émotions contradictoires qu’éprouvera le lecteur, et ce n’est pas la fin ouverte qui résoudra ses états d’esprit.
Désordre est un magnifique premier roman. Très psychologique, il met en scène la folie d’une femme que la vie a usée. Avec ses descriptions imagées et la Tamise en toile de fond, ses protagonistes à la personnalité développée, ses changements de point de vue et sa montée de suspense et de tension, Penny Hancock nous entraîne dans une aventure londonienne haletante qui n’est finalement pas si éloignée de la réalité. Attention la folie nous guette !
Je remercie Le Livre de poche pour l’organisation du Prix des lecteurs 2014, dans le cadre duquel j’ai reçu ce roman.
Désordre
La Tamise n’est pas un long fleuve tranquille ; la vie non plus. Sonia vit en pleine ville de Londres, dans la maison de son enfance, les Berges. Vu de l’extérieur, c’est le tableau parfait de la quadragénaire simple, avec une vie réussie ; vu de l’intérieur, c’est beaucoup plus compliqué. Qu’est-ce qui pousse Sonia à retenir le jeune Jez chez elle ? La solitude ? Le besoin d’être aimée et entourée ? La folie pure ? Ou les fantômes du passé qui ne cessent de la hanter ?
Désordre est le premier roman de Penny Hancock, un thriller psychologique prenant qui nous fera vivre le début de l’hiver à Londres, sur les bords de la Tamise. La rivière joue un rôle central dans le livre, présence menaçante pour le lecteur, mais rassurante pour l’héroïne. Elle en devient presque un personnage à part entière, tant elle prédit le danger. On le sent arriver, mais on ne peut l’éviter, car le courant nous porte inexorablement vers le désastre. C’est impossible qu’il en aille autrement, mais on ne peut s’empêcher d’espérer...
Notre protagoniste, Sonia, se livre peu à peu à nous, laissant transparaître une onde de folie que l’on essaie inconsciemment de s’expliquer. Les parties qui lui sont consacrés sont à la première personne, ce qui nous aide à entrer dans le personnage et les fréquents flashbacks, parfaitement intégrés à la trame, nous donnent envie d’en savoir plus. Peu à peu, nous découvrons les drames de la vie de Sonia, dissimulés sous des apparences parfaitement normales. C’est ce qui rend l’histoire aussi prenante : le fait qu’elle soit réaliste, qu’elle puisse se passer sans que personne n’en sache rien.
La perspective varie... Nous découvrons ainsi Helen, la tante de Jez, qui a elle aussi un rôle important à jouer. Nos deux héroïnes sont très différentes, mais toutes deux attachantes à leur manière. L’alternance de points de vue nous donne deux manières de voir les choses : la première, externe, est celle de la police et des personnes qui enquêtent sur la disparition de Jez sans avoir la moindre idée de ce qui lui est arrivé. La deuxième, interne, est celle de Sonia, qui est justement responsable de cette disparition. Ce qui est intéressant, et ajoute sans aucun doute de l’attrait et du suspense au roman, c’est que nous n’avons jamais l’avis de Jez. C’est le personnage autour duquel s’articule toute l’intrigue, mais on ne le découvre qu’à travers les yeux des autres personnages. Un choix curieux, mais indéniablement judicieux de la part de l’auteur.
Penny Hancock crée une atmosphère qui se fait de plus en plus étouffante, de plus en plus menaçante avec des descriptions très imagées. En arrière-plan, le fleuve nous accompagne, parfois calme, parfois déchaîné, au fil des courants et des marées. Le rythme fluctue lui aussi, avec un début plutôt lent pour bien poser le décor, puis une accélération progressive et une montée du suspense qui nous tiendront en haleine jusqu’aux dernières pages.
L’atmosphère est sombre et dérangeante, tout comme Sonia. Et pourtant, il semble impossible de détester l’héroïne tant le sort semble s’acharner contre elle, seule et démunie. Une détresse dissimulée sous les apparences, causée sans nul doute par les drames et désordres de sa vie passée et l’instabilité de son présent. Alors que son acte devrait susciter de la révolte ou du dégoût, c’est un mélange d’émotions contradictoires qu’éprouvera le lecteur, et ce n’est pas la fin ouverte qui résoudra ses états d’esprit.
Désordre est un magnifique premier roman. Très psychologique, il met en scène la folie d’une femme que la vie a usée. Avec ses descriptions imagées et la Tamise en toile de fond, ses protagonistes à la personnalité développée, ses changements de point de vue et sa montée de suspense et de tension, Penny Hancock nous entraîne dans une aventure londonienne haletante qui n’est finalement pas si éloignée de la réalité. Attention la folie nous guette !
Je remercie Le Livre de poche pour l’organisation du Prix des lecteurs 2014, dans le cadre duquel j’ai reçu ce roman.