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À chacun de livrer la vérité.
Sa vérité. Non pas celle résultant des faits, et d'eux seuls. Mais ce récit fragmentaire que la mémoire construit et superpose au regard.
De ce paysage, tout de mots tressé, de ce reflet, tantôt complaisant, tantôt corrupteur, où trouver la Vérité ?
?
Découvrir cette première ouvre dramatique de la talentueuse Clotilde Escalle, c'est goûter à la l'excellence d'une écriture poétique précise et incisive.
Extrait :
FRANÇOIS.
À l'ombre.
À l'ombre du peuplier. Je peux pas dire le bruit. Le bruit du vent dans le peuplier. Il y a toutes les voix. Des voix, des rires. Et là, dans l'étang, si je reste couché, immobile, là, j'entends le frémissement, le bruissement de la truite, je sais sa gueule ouverte, le manque d'air. Si je reste là, couché, jamais je ne saurai, je n'apprendrai qu'Alice, la petite Alice est morte. C'était loin. Je n'ai rien vu.
J'étais là, sous l'arbre. Pour une fois que le père ne me cherchait pas. Ce connard de père. Le couteau sous la gorge. Rien. Pas de nom. Je ne m'appelle pas. Rien. Pas un bruit. Seulement le peuplier odorant et des idées de voyage. Je me suis dit. Je le dis toujours. L'idée d'un voyage. Alice a crié.