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L'histoire au XVIIe siècle évoque spontanément l'érudition d'un Mabillon ou d'un Le Nain de Tillemont. Mais, en marge des traditions savantes, elle était avant tout le domaine privilégié d'un ensemble de littérateurs aussi prolifiques que méconnus. Leurs carrières éclairent de manière inhabituelle la vie littéraire de l'âge classique, illustrant l'indispensable rôle du mécénat, de la librairie, des instances censoriales et du lectorat.
Les œuvres qu'ils ont laissées occupent une place singulière dans l'histoire des sciences historiques. Révélatrices des comportements intellectuels, les méthodes et les sources employées reflètent les paradigmes épistémologiques du Grand Siècle. Quant à l'écriture du passé, les stratégies narratives renvoient à des pratiques d'expression composites. Issus des modèles baroques, les genres tragiques et romanesques avaient infléchi les structures et le contenu des discours, soumettant la description des faits attestés aux procédés stylistiques de l'invention pure.
Partant, les thèmes et les argumentaires proposés s'avèrent hautement indicateurs des préoccupations des auteurs. A travers les motifs récurrents et les a priori sous-jacents se devinent les valeurs et les sensibilités des contemporains, offrant un aperçu original de l'imaginaire politique et social de l'époque. Envisagés dans une perspective pluriséculaire, l'accueil critique suscité et les avatars engendrés inscrivent les productions dans un observatoire des mentalités collectives, démontrant comment la République des Lettres s'affirma, en partie, grâce à un véritable procès de disqualification de ces artisans de la chose historique.