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La force de ce roman qui raconte l'histoire de Srebrenica tient dans le choix narratif. Marco Magini fait parler les consciences humaines avec une finesse et une humanité déroutantes. Des consciences humaines qui vont devoir renoncer à la notion même de justice. Le choix d'un des passages les plus dramatiques de l'histoire européenne récente, ainsi que le style, dont l'aridité porte en creux la puissance émotionnelle, font de ce récit un texte à part.
Drazen Erdemovic est un jeune homme d'une vingtaine d'années lorsque la guerre éclate dans son pays, la Yougoslavie.
Il doit alors participer à un conflit décidé par une autre génération et faire des choix irréversibles pour sa famille et pour lui-même. Des choix qui vont mettre son âme à nu.
L'évocation du massacre et du procès qui s'est ensuivi au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie est confiée à trois voix qui alternent dans une partition bien rythmée.
La voix du magistrat espagnol Romeo Gonzalez évoque le déroulement du procès et met en évidence les motivations, souvent bien subjectives, des juges à l'heure de rendre leur verdict.
La voix de Dirk, casque bleu néerlandais en garnison à Srebrenica, parle au nom du contingent de l'ONU, coupable de ne pas avoir empêché le massacre.
Et la voix du soldat serbo-croate Drazen Erdemovic, véritable protagoniste de l'histoire, volontaire dans l'armée serbe, est celle du seul soldat ayant avoué sa participation au massacre, le seul jugé et le seul condamné.
+ Finaliste du prix Calvino, mention spéciale du jury
+ Finaliste du prix Stregga
+ Lauréat du prix Un roman pour le cinéma
+ Lauréat du prix du premier Roman de Chambéry
Un premier roman bouleversant !
Ce roman est bouleversant, il faut le lire comme un récit à 3 voix, 3 histoires sur fond de guerre ethnique des 1990's : Un croate perdu dans l'armée serbe, un juge du TPI et un casque bleu posté en Bosnie. Ils témoignent chacun leur tour de l'absurdité de la guerre, de la lâcheté des nations, et de l'horreur tout simplement. Marco Magini a su trouver les mots justes pour faire réagir son lecteur, pour le prendre à partie, il choque, émeut, fascine. Un roman dur mais indispensable.
"A Srebrenica, la seule façon de rester innocent était de mourir" Roméo Gonzalez, juge au TPI.